Abderrahmane Berraki, un septuagénaire qui a blanchi sous le harnais de l'administration postale, voue une passion sans bornes pour la philatélie. «C'est, dispose-t-il, une fenêtre sur le savoir, une science très utile pour se cultiver tout en prenant du plaisir». Ce dérivatif auquel il s'adonne presque en solitaire, jure avec son caractère, plutôt extraverti. Il a, néanmoins, constitué pour lui, un tremplin pour établir des ponts et nouer des liens d'amitié avec des philatélistes, français et suisses notamment. Interrogé sur son entrée «initiatique» dans ce monde truculent de la philatélie, Abderrahmane Berraki fouine dans les tréfonds de sa mémoire pour nous égrener quelques bribes de souvenances : «Je me suis mis, pour la première fois, à collectionner des timbres-poste en 1966. J'avais 26 ans. Ma proximité permanente avec ces vignettes adhésives a éveillé mes sens et aiguisé mon intérêt pour la philatélie», se rappelle-t-il, non sans nostalgie. Et de nous inviter à un fabuleux voyage à travers l'histoire, par le truchement d'une collection riche de milliers de vignettes d'affranchissement et d'innombrables cartes postales, truffées de timbres à date, de flammes d'oblitération et autres estampilles. Ses plus vieux spécimens datent de 1848. Des timbres à l'effigie de Cérès, la déesse romaine des moissons. Notre philatéliste dispose aussi de toute la collection concernant l'Algérie, depuis le fameux timbre «1+9 da» de valeur faciale, émis le 1er novembre 1962, jusqu'aux derniers timbres mis sur le marché en 2011.Les pérégrinations de Berraki l'ont conduit à Béjaïa, Sétif, Alger, Ghardaïa et en France où il a exposé à plusieurs reprises sa collection. Des expositions couronnées par une médaille en bronze, obtenue à Courtenay, dans le département du Loiret. En Algérie en revanche, point de reconnaissance. Pire : «les officiels n'ont jamais daigné répondre à mes correspondances et encore moins prendre en compte mes desideratas», s'offusque-t-il. A 71 ans, Abderrahmane Berraki, qui vit à Ighzer Amokrane, sa ville natale, s'enfonce avec sagesse dans l'automne de sa vie. Son occupation fétiche, qui lui prend le plus claire de son temps, il n'est pas prêt de s'en séparer. «Je continuerai jusqu'à la mort », affirme-t-il, résolu.