Les deux chefs de la diplomatie malienne, Soumeylou Bopubey Maiga, et nigérienne, Mohamed Bezou, n'ont pas été prolixes hier à l'issue de la conférence sur la sécurité et le partenariat dans les pays du Sahel, tenue à Alger. C'est Abdelkader Messahel, ministre délégué des Affaires maghrébines et africaines, qui a eu la plus grande part des réponses. Sur la circulation des armes en provenance de la Libye : «Cette question a été au centre de nos débats, même si elle n'était pas à l'ordre du jour. Elle concerne les Libyens. Nous espérons qu'elle puisse être la priorité de la nouvelle direction du pays.» Pour lui, la question de sécurité «relève du CNT libyen, mais nous sommes optimistes et convaincus que cette préoccupation va être prise en charge non seulement par les Libyens mais également par les alliés». Au sujet de la réappropriation de la lutte contre le terrorisme, il a précisé qu'il existe une stratégie régionale basée sur la coopération à travers des mécanismes mis en place depuis quelque temps, comme le Cemoc et l'UFL, qui fonctionnent bien actuellement. «Chacun doit compter sur soi pour mettre en place des systèmes de lutte à l'intérieur de ses frontières tout en s'appuyant sur l'aide des autres.» Il cite en exemple les efforts consentis par le gouvernement nigérien et ceux du Mali également. Concernant le volet développement, il rappelle le projet de réalisation de la transsaharienne, reliant le nord au Niger, dont seulement 183 km restent à faire mais aussi au Mali, d'ici 2014, en «attendant qu'elle atteigne le Nigeria, ce pays qui souffre des affres du terrorisme. Nous avons les capacités mais nous avons aussi besoin de nos amis…» «Jaloux de ses frontières» Interrogé sur la stratégie à mettre en œuvre pour arrêter la circulation des armes en provenance de la Libye, sans impliquer les Libyens, le ministre a déclaré : «Nous sommes le premier cercle à subir cette situation. Mais il se peut que ce cercle s'élargisse pour comprendre la Libye, le Tchad et même le Liberia ou encore le Nigeria, où les terroristes locaux ont des liens avec AQMI. Nous attendons que la situation se décante et que l'Etat de droit s'instaure en Libye.» Quant à la cessation des bombardements militaires contre la Libye, le ministre a précisé que «le sujet a été abordé lors des débats, notamment sur la nécessité d'un retour rapide à une vie normale et la mise en place des institutions démocratiques dans ce pays. Chacun de nous doit apporter sa contribution pour y arriver…». Abordant la question relative à «la frontière» qui pourrait exister entre le partenariat et l'ingérence, M. Messahel préfère parler «d'intérêts». «Il y a des pays qui ont des intérêts dans la région, comme les Etats-Unis, la France, la Russie et la Chine. Le dialogue nous met cependant dans la logique du partenariat et non pas dans celui de l'ingérence.» Il écarte toute expédition des troupes algériennes en dehors des frontières. «Chacun des pays est jaloux de ses frontières et l'Algérie n'a pas pour habitude d'envoyer des troupes ailleurs. Nous savons, et l'expérience l'a prouvé, que l'intervention militaire étrangère n'a jamais réglé les problèmes. Elle a plutôt alimenté le terrorisme et les réseaux des djihadistes», souligne-t-il, rappelant que l'idée de création d'une patrouille mixte aux frontières n'a pas été concrétisée.