2006 sera l'année du théâtre, du cinéma, des festivals, de la protection du patrimoine, des bibliothèques communales... Bref, l'année de tout, comme cela se passe dans un pays « normal » et comme on en rêve depuis longtemps. Là est l'ambitieux programme du ministère de la Culture qui, semble-t-il, compte s'attaquer de front et à la fois à tous les problèmes du secteur. Régler toutes les questions en suspens depuis des lustres. C'est du moins ce qui transparaît du discours de Khalida Toumi, l'invitée du dernier forum de l'ENTV, hier après-midi. Pour le théâtre, le département de la Culture prévoit, entre autres, un programme particulier durant un mois où les planches seront sous l'emprise des femmes du 1er au 27 mars. Pour le cinéma, Khalida Toumi a annoncé la création officielle du Festival international du cinéma d'Alger. On ignore encore les détails temporels, mais on apprend, au moins, que sa première édition est prévue pour 2006 et qu'il aura lieu avec la coopération de l'Italie. Toujours dans le cinéma, un projet de loi cadre est sur le point d'être finalisé de même que deux bunkers devraient être prochainement construits, l'un pour conserver les négatifs de nos films et l'autre pour les copies afin que la Cinémathèque puisse assumer son rôle de musée du cinéma. Pour les festivals, 17, dont 6 internationaux, viennent d'être institutionnalisés, annonce la ministre. Au chapitre du patrimoine culturel, il est question de restructurer l'Agence nationale de protection du patrimoine qui, selon Khalida Toumi, doit élargir ses actions à tout le territoire national. Pour elle, le colonisateur, de par ses origines latines, portait un regard particulier sur notre patrimoine historique : seules les ruines romaines comptaient. La ministre estime qu'il est temps d'élargir la protection aux autres vestiges datant d'une autre époque. De ce point de départ, des institutions de protection du patrimoine doivent être créées dans toutes les régions du pays. En attendant de telles réalisations, la ministre a précisé que de nouveaux sites protégés ont été nommés, dont Oued M'zab. De même, plusieurs parcs protégés devront être désignés, dont ceux de Dellys et de Ténès, et des parcs culturels, notamment à Tindouf. Pour le livre et la lecture publique, 10 annexes de la Bibliothèque nationale devraient ouvrir leurs portes cette année, en attendant 2009 où le ministère promet de doter les 48 wilayas d'une annexe. Le projet de loi cadre sur le livre est toujours en cours de réalisation et devrait être proposé en Conseil de gouvernement dans les prochains mois. Khalida Toumi a également annoncé la prochaine création du Centre national des manuscrits à Adrar. Le décret exécutif portant sa création a été adopté, mercredi dernier, par le Conseil de gouvernement, lors de sa première réunion de l'année. Chargé de la collecte, de la protection et de la mise en valeur du manuscrit, il possédera des annexes dans d'autres wilayas du pays. Quant aux tourments qui agitent l'une des plus prestigieuses écoles algériennes, la ministre ne semble pas inquiète pour son avenir. L'Ecole supérieure des beaux-arts d'Alger, secouée par une crise sans précédent depuis plusieurs mois, ne verra pas d'éclaircie de sitôt si l'on en croit les commentaires de Khalida Toumi. D'abord, c'est à peine si elle s'est rappelée que la reprise des cours était prévue hier, quelques heures avant son intervention dans le forum. Et alors que les enseignants de cette école, à travers la section CNES, ont encore adressé un courrier pour lui rappeler leur détresse et pour qu'elle daigne leur prêter une oreille plus attentive, la première responsable du département de la Culture n'a fait que survoler cette question. La réflexion serait lancée pour apporter des changements radicaux dans ce secteur, dont l'application est prévue pour la prochaine rentrée. Les enseignants, qui ont suspendu leur grève en signe de bonne volonté, risquent de décider de reprendre leur mouvement, sous un ciel où se profile toujours le spectre de l'année blanche.