La 76e édition de la Fête de l'Humanité – créée en 1930 par Marcel Cachin, directeur du journal l'Humanité – qui se tient depuis hier jusqu'à dimanche au Parc départemental Georges Valbon à la Courneuve, sera cette année, et plus que jamais, un large réceptacle de témoignages, d'expressions populaires à la démocratie, à la justice, à la liberté en provenance du monde entier et particulièrement du monde arabe et qui font contagion en Europe avec les «indignés» présents eux aussi à la Courneuve. Paris De notre correspondante Comme le signale le directeur de l'Humanité et de l'Humanité-Dimanche, député au Parlement européen, Patrick Le Hyaric, cet événement sera «une fête à vivre et à rêver». Et «le puissant souffle d'indignation et de colère, la force des espoirs et des désirs d'émancipation de la jeunesse et des travailleurs du monde parcourront les allées, les débats, les spectacles de la Fête de l'Humanité». «Lieu de rassemblement populaire à nul autre pareil», la Fête de l'Humanité sera «la caisse de résonance des exigences de démocratie radicale, de démocratie vraie, qui colorent ce début de millénaire, en amplifiant les cris des mouvements sociaux, citoyens, culturels qui, après les peuples arabes, cheminent désormais dans les pays européens et aux Etats-Unis». Près de 200 débats se tiendront ainsi dans cette fête citoyenne et ce n'est pas le village du monde, qui accueille une centaine de stands et plus de 80 pays, qui sera en reste. Zoom sur les révolutions arabes Dès l'ouverture de la fête, vendredi soir, les soulèvements populaires en Afrique du Nord et dans le monde arabe ont été au centre des débats avec comme questions centrales la démocratisation des sociétés et la justice sociale. Cet après-midi, trois autres débats consacrés aux «révolutions arabes» seront déclinés selon les thématiques suivantes : «Tunisie et Egypte, où vont les révolutions ?» ; «Une région en ébullition» ; «Le printemps arabe change-t-il la donne mondiale ?» Il sera aussi question du Proche-Orient et du soutien à la demande de reconnaissance d'un Etat palestinien à l'ONU. L'intérêt de la paix et de la sécurité de la région, l'intérêt des peuples – y compris israélien – n'est-il pas de relancer un véritable processus de paix en vue d'aboutir à la création de l'Etat palestinien dans les frontières décidées en 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale ? Ce sera l'objet du débat qui réunira ce soir, à partir de 18h, entre autres, Hael Al Fahoum, ambassadeur de Palestine en France, Patrick Le Hyaric, directeur de l'Humanité, député européen, Asaad Abed Al Rahman, membre du comité exécutif de l'OLP, Jacques Fath, responsable international du PCF, et Dov Khenin, député communiste israélien. «Droit d'ingérence, protection des civils, droit des peuples, comment maintenir la paix ?» tel sera le thème de la rencontre à laquelle participeront dimanche, à 14h, l'universitaire Albert Bourgi, Pierre Vilard, président du Mouvement de la paix, Pierre Barbancey, grand reporter à l'Humanité, et Marie-Christine Vergiat, députée européenne.Le combat de Frantz Fanon pour l'émancipation des peuples opprimés sera évoqué, à l'occasion du cinquantenaire de sa disparition, dimanche matin. «La torture française en Algérie restera-t-elle sans condamnation ?» Un autre thème qui sera débattu par Henri Alleg, Simone de Bollardière, Serge Portelli. «La crise a-t-elle changé le monde ? Dix ans après le 11 Septembre, un nouveau cycle s'ouvre-t-il dans les relations internationales ?», autre sujet qui captera l'intérêt des visiteurs. A quelques mois des élections présidentielle et législatives en France, la Fête de l'Humanité devra également être le «rendez-vous de toutes celles et tous ceux, qui, à gauche, cherchent les moyens de changer de pouvoir et de société». En ce sens, le Front de gauche y sera très présent avec, notamment, la présentation de son programme. Un stand du FG (PCF-Parti de gauche-Gauche unitaire) a été inauguré vendredi après-midi, avec le lancement officiel de son projet pour 2012. «Déjà des révolutions se développent sur plusieurs continents, en Amérique latine, dans les pays arabes... Alors nous, en France, allons-nous faire aussi ‘place au peuple'», a indiqué Pierre Laurent, secrétaire national du PCF.Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de gauche, animera le grand meeting, dimanche. Martine Aubry, Ségolène Royal et Arnaud Montebourg ont prévu de passer faire un tour. Débat du PLD dimanche «Entre l'impasse islamo-conservatrice et les nécessités de la rupture laïque et démocratique» en Algérie sera le thème qu'animeront des militants du Parti pour la laïcité et la Démocratie (PLD), dimanche à 15h, et qui «rendront compte de vive voix des luttes exceptionnelles qu'a vécues l'Algérie pendant l'année 2011», souligne le PLD dans un communiqué. Ils exposeront la situation en Algérie qui «ne cesse de se dégrader sur tous les plans : politique, économique, sociale et sécuritaire». Le PLD estime qu'«à l'évidence, le pouvoir se refuse au changement réel et risque, par son aveuglement politique et ses compromissions avec l'islamisme politique, de faire basculer l'Algérie dans le chaos». Il appelle au «dialogue dans la perspective d'ouvrir la voie à une transition pacifique, nationale et démocratique». Un hommage sera rendu au monde arabe en lutte pour l'instauration d'«une démocratie effective à la hauteur des aspirations des peuples». Retour de Joan Baez Au programme festif Avril Lavigne, Joan Baez qui fera son retour après 40 ans d'absence, Yannick Noah, Bernard Lavilliers, Souad Massi, les Percussions de Radio France, et d'autres artistes et groupes. Joan Baez a donné son premier concert à la Fête de l'Humanité il y a quarante ans. «La présence de la grande chanteuse militante pacifiste Joan Baez sur la grande scène est la meilleure preuve que la Fête 2011 sera bien le grand rassemblement des combats d'émancipation démocratiques, sociaux et politiques d'aujourd'hui», écrit l'Humanité.