Les habitants aspirent à un changement de leur cadre de vie. Depuis que le commerce informel occupe de nouveau les espaces publics, le marché des fruits et légumes de Bab Ezzouar au niveau de la cité 498 Logements a gagné du terrain. Les étals sont plus nombreux et les nouveaux arrivés se disputent souvent les places avec les anciens.Les riverains ont signé des pétitions où ils se plaignent aux autorités locales. Ces dernières ont effectivement essayé de régler la situation en construisant un marché couvert près de la cité El Djorf, à 200 m d'une école primaire. C'est un grand espace avec des aménagements pratiques pour les vendeurs aussi bien de légumes, de fruits que de poisson. Pourtant, une fois la construction achevée, la plupart des marchands l'ont boudé, préférant rester là où ils étaient auparavant. Mais vu que c'était impossible en présence de policiers, ils déambulent dans toutes les cités de Bab Ezzouar espérant leur échapper. «Nous avons refusé de nous installer dans le marché couvert, car les clients ne sont pas nombreux. L'endroit où nous sommes actuellement est un lieu de passage. Même les gens, qui n'ont pas l'intention de faire des courses, s'arrêtent pour acheter, de plus, il est au cœur de Bab Ezzouar. Les habitants de la cité Rabia Tahar, du grand boulevard, de la cité 498 Logements et d'El Djorf viennent tous ici pour y faire leurs courses. La place qui nous a été réservée, se situe loin de toutes ces cités et cela aurait eu des conséquences sur nos bénéfices !», commente un de ces marchands. Durant la période où le marché couvert était presque déserté, un des vendeurs a affirmé qu'il trouvait le nouveau lieu mieux adapté que l'autre, et qu'il fallait juste un peu de temps aux clients pour s'y habituer. Il ajoute : «Personne ne peut se passer des légumes du marché !»Aujourd'hui, ce marché occupe le même lieu, il connaît une grande affluence chaque jour. Des automobilistes tentent tant bien que mal de trouver une place de stationnement. Les vendeurs usent de leur voix pour attirer la clientèle. Tout ce tohu-bohu n'est pas pour plaire aux riverains «Avoir le marché de légumes à côté est, certes, un avantage. Toutefois, il peut s'avérer être un réel cauchemar s'il n'est pas organisé et sécurisé. De violentes bagarres éclatent fréquemment, du bruit permanent et des détritus, source de prolifération de moustiques, sont autant de désagréments», regrette une habitante du quartier. Le président de l'APC de Bab Ezzouar a assuré que «le projet du marché couvert est toujours maintenu. Un deuxième étage est prévu pour accueillir plus de personnes». Il ajoute, sans plus de précisions «qu'il sera opérationnel très prochainement». Manque d'infrastructures de sport et de loisirs A l'entrée de la commune de Bab Ezzouar apparaît un nombre infini de bâtiments. Ces cités s'étendent à perte de vue en se distinguant seulement par leurs tailles et leurs couleurs. Bien que l'aspect esthétique soit quelque peu négligé, le nombre d'habitants n'a pas cessé de croître. Selon le dernier recensement, le nombre d'habitants est de 96 597 alors qu'il n'était que de 55 000 en 1987. Cette augmentation pourrait s'expliquer par les diverses commodités qu'offre cette commune : les commerces, les transports et les marchés tels que Souk Dubaï et le nouveau centre commercial. «J'habite à Bab Ezzouar depuis 15 ans et j'ai déjà songé à déménager pour aller dans un endroit plus tranquille. Mais, je n'ai pu renoncer à tous les avantages qu'offre ce quartier», déclare un père de famille. Imène, 28 ans, ne partage pas cet avis : «C'est une vraie calamité de vivre à Bab Ezzouar. Le cadre de vie y est vraiment pénible. En été, c'est la chaleur, l'humidité et les moustiques qu'il faut supporter. En hiver, le simple fait de marcher dans la rue devient un véritable parcours du combattant à cause de la boue. Cela s'est accentué avec les travaux relatifs au tramway». Les habitants de Bab Ezzouar se plaignent surtout de l'absence d'infrastructures culturelles et sportives. «Nos enfants ne pratiquent aucune activité extra scolaire. Il n'y a même pas de salles de sport dans les environs», déplore une mère au foyer, avant d'ajouter : «A Bab Ezzouar, il n'existe à ce jour aucun endroit réservé à la gent féminine non plus. Nous n'avons pas de lieux de détente ni même un jardin public où nous pourrions éventuellement faire du vélo». De son côté, le président de l'APC assure «qu'un complexe sportif sera construit à l'endroit où ont été démolies les baraques du grand bidonville appelé El Djazira dans un futur proche». Aujourd'hui, il existe uniquement deux sites où on peut se détendre ou pratiquer une activité sportive : la piscine du 5 Juillet et le parc Tito. Concernant la piscine, les habitants de cette banlieue n'arrivent pas à s'inscrire facilement. «Il est pratiquement impossible pour un nouveau membre de s'inscrire, car c'est une petite piscine dépassant déjà sa capacité d'accueil. Mais présentez-vous le jour des inscriptions après le 15 septembre, vous aurez peut-être de la chance», affirme un agent d'entretien rencontré sur place. Safia, une mère de 3 enfants, a pu s'inscrire il y a 3 ans, mais pour pouvoir conserver sa place, il fallait qu'elle continue à payer même le mois de juillet, période où elle n'y allait pas. «Le jour où je me suis présentée pour m'inscrire à la piscine du 5 Juillet, j'ai attendu plus de 2 heures pour qu'on me dise, en fin de compte, que ce n'était pas possible, et cela sans aucune justification. Je crois que pour s'inscrire, il faut avoir des connaissances. Voilà comment un endroit qui est censé procurer du bien-être devient source de nerfs», regrette Meriem, une habitante de la cité El Djorf. La seule option qui reste pour les habitants de Bab Ezzouar est celle du parc Tito. Un vaste espace couvert de gazon, mais terni par des manèges rouillés par l'usure et le manque d'entretien. Un parc qui ouvre ses portes tous les jours à 11h du matin, mais qui reste presque vide toute la journée. «Les habitants de Bab Ezzouar ne viennent pas ici pour se distraire, car ce lieu n'est pas sécurisé. Plusieurs personnes ont été agressées en se promenant dans ce parc», révèle un riverain. «Il y a quelques années, je venais avec ma fille chaque vendredi pour courir, mais aujourd'hui, je préfère éviter, car c'est devenu un endroit mal fréquenté et dangereux», certifie Mohamed, un père de famille résidant à Bab Ezzouar. «C'est dommage que ce parc soit complètement sous-exploité. S'il était utilisé à bon escient, plusieurs emplois auraient pu être créés», regrette Mounir un jeune habitant de la commune. Bab Ezzouar, une commune en quête de modernité Le centre commercial et de loisirs de Bab Ezzouar est devenu un espace très prisé. Après une année d'existence, il connaît encore une grande affluence. Les gens arrivent des quatre coins du pays : Tipaza, Boumerdès, Chlef, Béjaïa, Constantine, Oran… Des étrangers de différents pays y viennent aussi. «Je travaille en Algérie depuis quatre ans. C'est la deuxième fois que je viens faire mes courses ici. Je trouve que cet endroit est agréable et sécurisé et je pense y revenir souvent, aussi bien pour faire les courses que pour essayer un des restaurants avec des collègues», affirme un Français en mettant des fruits dans son chariot. Cependant, selon une hôtesse d'accueil : «Depuis la rentrée scolaire, les gens sont moins nombreux. Par contre, le centre commercial est pris d'assaut durant les week-ends. Pendant la journée, plusieurs familles se dirigent vers le supermarché quand d'autres dînent sur la terrasse. Tandis que le soir, les jeunes sont majoritaires. Il y a ceux qui s'installent dans les cafétérias pour siroter des boissons en discutant tranquillement, alors que d'autres préfèrent s'adonner à des parties de jeux : billard ou bowling». Des jeunes, habitants Bab Ezzouar, ont pris l'habitude de se rendre au centre commercial. «Avant que cet endroit ne voit le jour, je retrouvais mes copains au cybercafé. Maintenant, nous nous voyons régulièrement ici pour nous changer les idées», avoue Walid, un de ces jeunes accompagné de deux copains du même âge. Quant aux femmes, elles sont rarement seules. «Le soir, je viens à pied avec ma famille, car on habite la cité du 5 Juillet. Malheureusement, je ne peux absolument pas venir sans être accompagnée de mon père, à cause des embêtements. Mais, il m'est déjà arrivée de m'y rendre avec des copines en journée», commente Kahina, une étudiante. Samira, une autre habitante de la cité El Djorf et enseignante à l'école primaire affirme qu'elle y va avec ses copines chaque week-end. Elle a ajouté : «C'est un endroit agréable pour se retrouver entre amis et prendre un café ou jouer au bowling. Par contre, je n'ai jamais pu acheter quoi que ce soit, car je trouve que les prix sont excessifs. Les sacs à main coûtent la moitié de mon salaire».