Fini le temps de « guerre », Madani Mezrag vit tranquillement à Jijel, région écumée pendant les années 1990 par les hordes terroristes agissant sous ses ordres. Réputé pour son passé à la tête de l'AIS, bras armé du FIS dissous, il se donne aujourd'hui du plaisir à raconter en public ses actes et à reconnaître ses crimes. Ses derniers propos sont ceux recueillis par l'hebdomadaire français L'intelligent (Jeune Afrique) dans son avant-dernière livraison - du 25 décembre 2005 - qui n'a pas été mise en vente en Algérie. Mais elle y serait disponible dans les prochains jours, apprend-on. Le chef de l'ex-AIS reconnaît avoir tué de ses propres mains. « Sans la moindre gêne », précise le journaliste Farid Alilat, ayant recueilli les propos. Il parle de son premier crime, perpétré en 1993. La victime ? Un jeune militaire. Le journaliste dit n'avoir constaté aucun regret chez le repenti lorsqu'il parlait des crimes commis. Pour Mezrag, il s'agissait d'âmes sacrifiées pour une cause juste. « L'entretien a duré près de 2 heures. Il parlait sur un ton serein. Calme. Il a répondu à toutes mes questions sans gêne », précise, au téléphone, M. Alilat pour qui, le terroriste paraissait fidèle à ses convictions, attaché à l'idée de « guerre juste » menée des années durant contre l'Etat. « Il est sûr de lui, assume ce qu'il a fait », ajoute le journaliste. Mezrag se dit prêt à affronter les tribunaux si un proche d'une victime veut déposer plainte contre lui. Outre cela, Madani Mezrag se voit comme « le chef de guerre » et garde contact avec ses anciens acolytes, auxquels il propose des « services ». « Lorsque je l'ai appelé, je lui ai expliqué que je devais lui poser toutes mes questions et qu'il est libre de répondre ou pas. Il m'a dit : ‘‘Bienvenu à Jijel ! Pour l'adresse, demandez à n'importe quel passant, tout le monde connaît la maison Mezrag.'' Il m'a accueilli dans son local commercial où il a l'habitude de recevoir des repentis et d'ex-compagnons d'armes », raconte le reporter. Le chef de l'ex-AIS dit avoir négocié avec l'ANP, l'arme à la main (la trêve a commencé en 1997). Jouissant des dispositions de la concorde civile, de la grâce amnistiante, ce terroriste continue de soutenir le projet présidentiel portant réconciliation nationale. « Je soutiens le président Bouteflika. Il faut l'aider à concrétiser son projet de réconciliation nationale. Il faut mettre fin à la tragédie qui a endeuillé l'Algérie », défend-il.