L'oeuvre de Mohya constitue un levier incontournable pour connaître la culture amazighe dans son genre kabyle. Chic et sympathique, émotif et nostalgique...tel était le sentiment partagé par le public à sa sortie du spectacle revisitant le célèbre dramaturge Mohya, vendredi dernier au théâtre régional Malek-Bouguermouh de Béjaïa. Ecrivain, poète et traducteur de langue berbère (kabyle), le célèbre dramaturge Mohand U Yahia, Mohya pour ses fans et ses adeptes, a été ressuscité à travers un spectacle de comédie musicale et montage poétique. Cette oeuvre de 1h15mn intitulée Salah Gaoua chante et dit Mohya était un moment de bonheur, d'émotion, de nostalgie et de retrouvailles. Figure emblématique de la culture amazighe, Mohya revient par le trésor inestimable qu'il a légué pour la génération actuelle et les générations futures à travers sa poésie, ses traductions-adaptations. Tantôt chanteur-interprète, tantôt dans la peau de Mohya, le poète, Salah Gaoua, par un tour d'horizon a fait voyager l'assistance dans le temps par des vers et autres chansons écrites par Mohya et chantées par les Imazighen Imoula, Idir, Takfarinas, entre autres. Tahya Berzidan (Vive le président!) Ammarezg-nneg (Notre bonheur!), A win iheddren fell-i, Dhamahbous dhi Berrouaguia (Prisonnier à Berrouaghia), des chansons engagées connues du large public et autres poèmes du grand maître tel Ghas arebi ksyé... ont été rechantés et redéclamés l'espace d'un temps et d'une qaâda conviviale. En effet, grâce à sa voix mélodique et son talent artistique Salah Gaoua a donné de l'âme au spectacle. Sur scène, il est tout simplement cet artiste qui se laisse absorber par la scène dans ses notes d'ivresse musicale et poétique. Il a vibré à chaque note musicale, balancée par un orchestre hors pair. L'orchestre composé des Khirdine, Ramzi, Riadh, sous la direction artistique du maestro Bazou n'a pas été sans apporter sa touche qui a gagné les heureux présents. Spectacle sans tapage médiatique ni annonce programmée qui a fait venir un nombre remarquable de spectacteurs, un vendredi en fin de journée. En somme, une réussite totale du spectacle qui s'inscrit dans un autre genre de spectacle théâtral qui semble ensorceler les artistes du Théâtre régional Malek-Bouguermouh de Béjaïa. Après l'aventure réussie de l'oeuvre de Bazou intitulée Akin Ilebher, le Théâtre de Béjaïa sous la direction de Omar Fetmouche récidive relativement dans le même style avec cette balade musicale et poétique qui a fait revivre Mohya, dans une présentation succincte de l'ensemble de l'oeuvre achevée. Cette nouvelle production du Théâtre régional Malek-Bouguermouh de Béjaïa s'inscrit dans le cadre de la sauvegarde du patrimoine immatériel de la culture kabyle, d'une part, et de la vulgarisation de l'oeuvre du grand maître de la poésie kabyle d'autre part. «Ce spectacle se veut, à la fois un hommage au grand maître des vers kabyles et célèbre dramaturge qu'est Mohya», nous déclare d'emblée Salah Gaoua pour nous donner un aperçu global sur le spectacle avant d'ajouter: «Nous espérons et projetons à la fois de le faire vivre dans toutes les régions de Kabylie afin de faire revivre l'oeuvre de Mohya.»