La « Cité d'urgence », dans la commune de Seddouk, est un exemple de ces ensembles urbains nés dans la précipitation et l'anarchie dans les années 1980. Dès les premiers travaux entamés, les promoteurs avaient buté contre d'innombrables problèmes, notamment ceux liés à la non-conformité avec la loi sur les constructions illicites décrétées par les pouvoirs publics pour mettre un terme à des constructions anarchiques qui, sans plan de réalisation, poussent comme des champignons. Au moment où les autorités locales de l'époque agissaient sur injonction à l'encontre des promoteurs de cette cité, leur intimant l'ordre d'arrêter les travaux, ces derniers ne l'entendaient pas de cette oreille, au contraire. Ils continueront à construire vaille que vaille travaillant même la nuit, pour carrément mettre les autorités devant le fait accompli. C'est dans ce contexte d'ailleurs que le lot s'est vu affubler du nom de « Cité d'urgence ». Des citoyens se sont ainsi retrouvés dans des logements sans finition ni commodités, telles que l'eau courante, l'électricité et l'assainissement. La galère est loin de se limiter à cela, puisque d'autres problèmes surgissent au fil du temps mettant dans l'embarras les nouveaux arrivés qui ne cessent de prendre le chemin de l'APC pour se plaindre. « A chaque fois qu'on présente nos doléances à la municipalité, les autorités nous rappellent le fait que nous avons construit illicitement sur des terrains agricoles », se plaint un habitant. Aussi, les habitants n'ont d'autre choix que de mettre la main à la poche pour réaliser les réseaux d'assainissement et les branchements d'eau courante. Cette tradition est bien ancrée dans l'esprit des habitants de cette cité qui, sans risque de nous tromper, compte environ un quart de la population de la ville de Seddouk. Ainsi, hormis le gaz de ville et le réseau électrique dont ils ont été « gratifiés » en 2003, les réseaux d'assainissement, les branchements d'eau et la réfection des voies d'accès ont été réalisés par leurs propres moyens. Beaucoup reste à faire dans cette cité. A commencer par les voies d'accès qui sont dans un piteux état. Caillouteuses, ravinées par les eaux pluviales et truffées de saillies et de crevasses, ses habitants ne cessent de demander à la municipalité le bitumage ou du moins le bétonnage des chaussées et les aménagements de trottoirs sans toutefois que leurs doléances soient prises en compte. Ainsi, les habitants restent condamnés éternellement à patauger dans la gadoue durant les intempéries et à inhaler la poussière qui envahit aussi leurs foyers durant la saison estivale. « Jusqu'à présent, nous sommes marginalisés par les autorités qui ne veulent pas nous considérer comme des citadins à part entière », se révolte Abdelkader qui ne décolère pas.