L'audience accordée dernièrement par le président de l'Assemblée populaire nationale (APN), Abdelaziz Ziari, à une délégation du secrétariat de l'Union nationale des paysans algériens (UNPA) conduite par Mohamed Allioui ainsi que certaines déclarations critiques de ce dernier n'ont pas été du goût du ministère de l'Agriculture. Le froid entre ce département et l'UNPA s'est installé après la nomination de Rachid Benaïssa à la tête de ce ministère. L'UNPA se plaint notamment d'être exclue de toute prise de décision concernant le secteur, notamment au sujet de la question lancinante du foncier agricole, plus précisément le dossier des terres du domaine privé de l'Etat. Alors que pour le ministère de tutelle, ce dossier est clos, l'UNPA revient à la charge, exprimant au président de l'APN ses «préoccupations» liées aux modalités d'octroi de concessions pour l'exploitation de terres agricoles ainsi que son annulation par la Justice. «L'adoption du nouveau cadre juridique régissant le foncier agricole et la réussite de l'opération de régularisation des exploitations agricoles individuelles et collectives n'arrangent pas les intérêts de certains membres de l'UNPA qui sont impliqués dans certaines situations litigieuses. C'est à cause d'eux que les problèmes liés au foncier agricole sont restés sans solution pendant très longtemps bloquant ainsi le développement de l'agriculture. Aujourd'hui, on a mis fin au tâtonnement. Les choses sont claires. 74% des 219 000 exploitants agricoles concernés ont déposé des demandes de régularisation auprès de l'Office national des terres agricoles et certains ont même obtenu leurs actes», accuse un très haut responsable du ministère qui a requis l'anonymat. Le ministère est également agacé par les propos du secrétaire général de l'UNPA qui avait affirmé que les chiffres avancés par ce département sont «faux». «Ce n'est pas l'administration qui produit mais bien les agriculteurs qui sont représentés par l'UNPA. Or cette dernière, au lieu de s'enorgueillir de leurs performances, sape leur travail», estime ce responsable. Et de s'interroger : «Pourquoi un secrétaire général de l'UNPA demanderait les chiffres concernant les stocks de sécurité de l'Algérie en céréales ? Pour le compte de qui ? Aucun pays au monde ne divulgue ce genre d'informations qui sont stratégiques. On ne fera que gêner le travail de négociations de l'Office algérien interprofessionnel des céréales lors des sorties de l'Algérie sur le marché international.» Lors de leur rencontre avec le président de l'APN, les responsables de l'UNPA avaient souligné «l'impératif d'être associés au processus de promulgation des lois et à la prise de décision», mettant en avant le rôle joué par cette instance présente sur tout le territoire national dans l'encadrement du monde rural. Selon notre interlocuteur, une telle revendication est légitime, mais si cette organisation doit être consultée sur les questions inhérentes au secteur, elle n'est pas habilitée «à cogérer avec le ministère». Ce responsable estime qu'il est d'abord nécessaire de clarifier le statut de l'UNPA. «Est-ce une organisation patronale représentant les exploitants agricoles ou un syndicat des ouvriers agricoles qui travaillent dans les fermes ?», s'est il exclamé. Selon ce responsable, il n'y a aucun doute sur les motivations extraprofessionnelles de cette organisation dont les dernières sorties sont, a-t-il ajouté, un signe «d'affolement». Une chose est sûre, le dialogue semble rompu entre le ministère et l'UNPA. Cette dernière a préféré s'adresser au président de l'APN, M. Ziari, plutôt qu'à son ministère de tutelle. M. Ziari a même promis de faire parvenir les préoccupations de l'Union au président de la République.