Si le Sénat a basculé à gauche, il a peu évolué en termes de diversité d'origine des élus. Comme à l'Assemblée nationale, il est compliqué d'être d'ailleurs et de siéger au Parlement. Les sénatoriales passées, on peut faire les comptes sur les gains quant à la diversité de la haute assemblée. Cela tient sur les doigts d'une seule main. Alors que les élus des communes et des régions ont gagné des couleurs ces dernières années et particulièrement lors des scrutins de 2008 et 2010, ce n'est pas le cas encore à l'Assemblée nationale et au Sénat, où les lignes bougent lentement. Pour les membres d'origine maghrébine, on en reste donc à trois sénatrices : Bariza Khiari, Samia Ghali et une nouvelle, Aïcha Aichi, qui aurait pu être la quatrième si Amel Boumediène-Thiery s'était présentée à sa succession. Aïcha Aichi, avocate, est membre d'Europe Ecologie, de l'association Ecologie sans frontière Afrique et de Metafrica (une association pour la promotion d'outils liés à l'écodéveloppement). «Sensible aux injustices sociales et préoccupée par la dégradation de l'environnement», elle estimait dans sa profession de foi qu'«au cœur de la question sociale se trouvent les inégalités humaines et environnementales et les deux sujets sont intimement liés».Parmi ses actions juridiques, une plainte contre le gouvernement «avec une ONG au sujet de la pollution de l'air, afin d'obtenir de l'Etat, d'une part qu'il informe la population des dangers présentés par la pollution atmosphérique et, d'autre part, qu'il prenne les mesures appropriées pour supprimer les dangers sanitaires encourus par la population». Elle a fondé l'association Ecologie sans frontière Afrique dont le siège social est à Dakar. L'autre surprise vient de l'élection d'Esther Benbassa, sur la liste d'Europe Ecologie. L'universitaire est bien connue de nos lecteurs. Nous avons accordé à ses travaux fondateurs plusieurs articles. Son dernier chantier est un numéro spécial de la revue Mouvements publiant l'intégralité du dossier La France en situation postcoloniale ?. Elle vient d'organiser, les 30 septembre et 1er octobre, un colloque à Paris sur ce thème à l'Ecole normale supérieure. Parmi ses ouvrages éminents, citons également La Souffrance comme identité (Fayard 2007), ou encore le Dictionnaire des racismes, de l'exclusion et des discriminations (Larousse 2010). Sa voix portera à la haute assemblée sur ces thèmes sur lesquels, de manière générale, les sénateurs restent timorés. A ces personnes, il convient d'ajouter Jean-Vincent Placé (Europe Ecologie-Les Verts) celui qu'un responsable de l'UMP avait fustigé il y a peu du quolibet de «notre Coréen national». Le nouveau sénateur, haut responsable du parti des Verts, est aussi vice-président du conseil régional d'Ile-de-France en charge des transports. Enfin, il ne faut pas oublier les nouveaux sénateurs de Mayotte, devenu département français d'outre-mer en mars 2011 ; il s'agit d'Abdourahamane Soilihi (UMP, droite) et de Thani Mohamed Soilihi (divers gauche).