L'annonce de l'ouverture du champ audiovisuel doit être suivie d'une application immédiate. Et ce, au risque de voir les pouvoirs publics temporiser davantage sur ce qui a déjà pris un immense retard. Une table ronde a été organisée hier à l'Ecole supérieure de journalisme et des sciences de l'information (ENSJI) d'Alger sur le thème «L'ouverture du champ des médias lourds». Si les experts affichent un certain enthousiasme quant à cette «réforme», il n'en demeure pas moins qu'une certaine prudence est de mise, selon eux. Ainsi, il est impératif de s'engouffrer dans cette brèche ouverte par le pouvoir sans tomber, cependant, dans le piège du monopole de certains clans ou puissances sur le champ audiovisuel, télévisuel à plus forte raison. Cette précaution est le fruit de l'observation des expériences d'autres pays, notamment nos voisins. De même, la prudence est de mise quant à l'utilisation purement commerciale et mercantile de ces médias, notamment si de véritables bouquets sont créés.Brahim Brahimi, directeur de l'ENSJI, estime ainsi que la création de chaînes thématiques reste la première étape de cette démocratisation. Mais pas sur le modèle actuel. Car il va sans dire que l'entreprise audiovisuelle nationale a essuyé d'acerbes critiques de la part des participants à cette table ronde. «Les programmes de l'ENTV, souvent mensongers, ne servent pas les intérêts de la nation et de la société», a d'ailleurs critiqué le sociologue Belkacem Mostefaoui. D'où l'appel lancé par les participants quant à la création d'un groupe de télévision public, mais qui soit régi par une autorité de régulation autonome et indépendante. Pour ce qui est de la composition de cette haute instance de régulation, le fait que des membres soient désignés par le gouvernement ne devrait pas être une entrave à sa probité. «Sept membres de ce conseil doivent être élus par la profession. Si les élections sont démocratiques et transparentes, ces personnes ne pourront qu'être probantes», a estimé M. Brahimi.