En longeant le boulevard Che Guevara et son prolongement le boulevard Zighout Youcef, le visiteur peut admirer cet ensemble monumental du Front de mer baptisé, au tout début l'ex-Impératrice, qui s'étire sur 1500 m, construit par l'architecte Frédéric Chassériau au début de la seconde moitié du XIXe siècle. Bordé d'arcades et établi en terrasse le long du port qu'il surplombe d'une vingtaine de mètres, ce parcours de patrimoine urbain offre aux passants une superbe vue sur la mer depuis la Chambre de commerce qui domine la jetée jusqu'au square Sofia, en passant par l'ex-square Bresson, devenu un coin malfamé et dont les abords sont envahis par les «cambistes» exerçant leur «activité» sans être inquiétés au même titre de l'informel qui squatte les alentours de la place des Martyrs sans bourse délier. De l'autre côté de la rampe Magenta, des immeubles s'ouvrent également sur un magnifique panorama. Une équipe de l'Unesco, de passage, s'est dite désolée de ne pas voir des éléments architecturaux mis en valeur. Un butin de guerre qui se détériore. Elle avait réagi pour faire entendre raison à notre «génie» entrepreunarial. Une entreprise est à pied d'œuvre, s'attelant au traitement par hydrosablage (décapage par pression de jets) des piliers des arcades que des «maîtres penseurs» avaient, dans le passé, chaulés hideusement. Elle s'affaire depuis plusieurs mois à assainir la belle pierre de taille jaune et démousser l'enduit de façade de ses moisissures, pour lui restituer son état naturel et, du coup, faire bon ménage avec les moulures en surplomb qui couronnent les colonnes. Mais le quidam remarque la hideur, après la mise à nu (décapage) des éléments architecturaux. Ils sont abîmés non par l'usure du temps ou par le smog, sinon par les saignées colmatées avec du vulgaire béton qui enlaidit les travées de l'ouvrage. Ce beau tronçon qu'arpente le touriste n'est pas sans attirer aussi l'attention du visiteur sur la finalité de cette passerelle érigée à l'époque du GGA reliant la basse Casbah à la pêcherie. Un ouvrage qui ne sert, en fin de compte, qu'au passage du vent, ou cette belle galerie sous l'ex-place du Gouvernement qui, sitôt inaugurée pour accueillir, l'espace d'un vernissage, une exposition d'œuvres du plasticien Azwaw Mameri, sitôt fermée. Et passe du grand projet des voûtes mis sous l'éteignoir. Hormis le restaurant le Dauphin dont l'architecture extérieure de la bâtisse emprunte à l'art romain, le patrimoine urbain pleure sa peine. La plupart des édifices gâtent le paysage, tournant le dos à la mer, invitant le passager à humer une bonne dose d'odeurs ammoniacales que génèrent les pissoirs, sans compter les effluves nauséabondes de produits halieutiques avariés que les poissonniers congèlent et dégèlent sans coup férir.