Les menaces de récession qui pèsent actuellement sur l'économie mondiale inquiètent sérieusement le gouvernement algérien. Intervenant hier en marge de la présentation du projet de loi de finances pour 2012, le ministre des Finances, Karim Djoudi, n'a pas écarté l'impact qu'une nouvelle crise pourrait avoir sur l'Algérie. Il a même évoqué le risque d'un effondrement des cours du baril du brut l'année prochaine induit par une aggravation de la crise des dettes souveraines en zone euro et une croissance plus molle dans les pays émergents. Le ministre rejoint ainsi les projections moroses de l'OPEP et de l'AIE, concernant une baisse de la demande de brut, et du FMI qui n'exclut pas la survenue d'une récession en 2012. Même si une telle baisse peut paraître à première vue conjoncturelle, elle a de quoi inquiéter les autorités, d'autant que le budget de l'Etat, dépendant largement des ressources de la fiscalité pétrolière, enregistre de graves déséquilibres. Des déséquilibres qui se sont accentués ces dernières années et qui se traduisent par le creusement du déficit budgétaire. Dans ce sens, le ministre des Finances a indiqué hier devant les membres de l'Assemblée populaire nationale qu'un déficit des opérations du Trésor des plus importants a été enregistré au premier semestre 2011, passant à 577,2 milliards de dinars contre 61,6 milliards de dinars durant la même période de 2010. Le projet de LF pour 2012 table d'ailleurs sur un déficit de 25% du PIB. Un creusement du déficit justifié notamment par l'augmentation des dépenses de fonctionnement, lesquelles atteindront dans le projet de budget pour 2012 4608,3 milliards de dinars, en hausse de 7% par rapport à 2011. Le ministre des Finances explique d'ailleurs cette hausse effrénée des dépenses de fonctionnement par trois facteurs principaux. Il s'agit en premier lieu de l'augmentation des revenus de la Fonction publique et de l'application des régimes indemnitaires avec paiement des rappels à compter de 2008. M. Djoudi estime le coût financier de cette dernière opération à 2600 milliards de dinars. Il évoque également l'effort engagé par le Trésor public pour le soutien des prix des produits de large consommation et pour lequel une enveloppe de 240 milliards de dinars a été allouée. Enfin, le premier argentier du pays met en avant les dépenses de fonctionnement induites par la réception des projets d'équipements. Il a précisé dans ce sens que l'année 2012 verra la réception de 851 projets d'investissements publics pour lesquels il faudra dégager les moyens pour les faire fonctionner, à travers notamment la création de 65 000 nouveaux postes budgétaires. Il va sans dire que le coût de la paix sociale commence à peser sur les équilibres budgétaires, et ce, en l'absence d'une stratégie économique à long terme.