«Le métro sera mis en marche sans les protocoles de sécurité, les ingénieurs allemands de Siemens s'opposent à sa mise en exploitation commerciale avant l'installation complète et définitive des normes HSE nécessaires dans pareil cas, sinon la sécurité des usagers est mise en risque», révèle une source proche de la direction du métro d'Alger. Celui-ci sera inauguré officiellement le 31 octobre prochain par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, un rendez-vous important inscrit dans l'agenda présidentiel. Le ministre des Transports, Amar Tou, avait, en mai dernier, essuyé des critiques concernant sa mise en exploitation commerciale sans le respect des normes de sécurité. Pour preuve, une loi a été expressément promulguée par les députés de l'APN en avril dernier sur les transports guidés ! Le ministre redoute le même scénario qu'en mai, lorsqu'une panne électrique a gâché l'inauguration du tramway. Il met donc la pression sur les responsables du métro d'Alger pour éviter le moindre couac. «Je ne veux rien comprendre, le métro marchera le 31 octobre. Vous n'avez pas droit à l'erreur», aurait averti le ministre, d'autant que ce jour-là, «le Président sera présent», aurait-il martelé. «Quitte à mettre en danger la vie des usagers», commente notre source à la direction du métro. Et de poursuivre : «Le ministre n'a pas pris en compte le volet protection et sécurité.» L'exploitant français de la première ligne du métro d'Alger, RATP El Djazaïr, qui a obtenu le marché en 2007 pour un montant de 130 millions d'euros, «affiche aussi des inquiétudes par rapport à cette mise en marche précipitée puisque les ajustements électriques et de signalisation ainsi que d'autres procédures de sécurité ne sont pas tout à fait opérationnels. Même si les essais sont concluants pour l'instant, les assureurs étrangers ne peuvent pas accepter la mise en marche grand public par souci de sécurité. En cas de problème, les pertes seront importantes», prévient notre source. Tests en examen La mise en service des quatorze trains de six voitures chacun en même temps pose problème «car les tests du système de commande central et de suivi des trains sont toujours à l'examen, le personnel en charge de l'exploitation technique demeure en formation et la Protection civile n'a pas encore délivré son certificat de conformité», atteste notre source. Depuis plus d'une semaine, les Algérois ont remarqué que les travaux s'accéléraient pour la réhabilitation des bouches de métro et la mise en place de la signalétique indiquant le nom des stations ainsi que le dispositif drastique mis en place pour sécuriser les bouches de métro. Dispositif supervisé par les éléments de la sécurité présidentielle. «Le Président va inaugurer le métro», nous a indiqué un policier en faction à la Grande Poste où un bain de foule sera organisé pour le président Bouteflika lors de l'inauguration. Le métro d'Alger, après 30 ans de chantier, aurait consommé la somme de 1,2 milliard de dollars. Il a nécessité la mobilisation de plusieurs groupements d'entreprises étrangers.