Deux coopérants espagnols et une Italienne ont été enlevés, dans la nuit de samedi à dimanche, dans le camp de réfugiés sahraouis de Rabouni, près de Tindouf. Selon le Front Polisario, l'attaque a été menée par un groupe terroriste composé de quatre éléments, qui s'est infiltré depuis le nord du Mali. Il s'agit du premier enlèvement d'étrangers dans cette région. Les terroristes ont réussi à tromper la vigilance des soldats sahraouis et ont pu pénétrer jusqu'à la cour du site qui hébergeait les coopérants étrangers. Les trois Européens kidnappés sont Ainoa Fernandez De Rincon, militante de l'Association des amis du peuple sahraoui d'Extremadura (Espagne) ; Enric Gonyalons de l'ONG espagnole Mundobat, et l'Italienne Rossella Urru qui travaille pour l'organisation CCISPP. Lors de leur attaque à Rabouni, qui abrite les institutions de la RASD et également les sites d'accueil d'ONG humanitaires et autres associations de solidarité avec le peuple sahraoui, les terroristes ont tiré des coups de feu, touchant l'Espagnol Enric Gonyalons et un militant du Front Polisario. Ce dernier, transféré vers l'hôpital de Tindouf, serait dans un état grave. Selon un communiqué de la République sahraouie «les terroristes ont repris le même chemin par lequel ils étaient venus avec les otages». Selon le témoignage des militants du Front Polisario, contactés par téléphone, «les terroristes sont arrivés à bord de deux voitures (pick-up) vers 22h30. Une des voitures est restée à l'extérieur du site, tandis que l'autre a pénétré dans la cour du site. Un des ravisseurs a tiré des coups de feu, provocant une panique générale ; les humanitaires et militants d'ONG étrangères sont sortis de leurs chambres pour se diriger vers la cour. A ce moment-là, les terroristes se sont attaqués aux trois personnes qui étaient près d'eux et les ont emmenées de force dans leur voiture avant de prendre la fuite», rapporte à El Watan un militant du Front Polisario. «Les réfugiés sahraouis sont sous le choc de l'enlèvement de nos amis européens. Ils sont bouleversés. Il règne un climat d'émoi dans le camp», témoigne-t-il encore. Rapidement, les Sahraouis ont mobilisé leurs troupes pour traquer les terroristes. La traque des terroristes se poursuit encore. Le directeur de la sécurité sahraoui, Mohamed Akiek, cité par l'agence d'information SPS, a indiqué que le gouvernement sahraoui a «pris toutes les mesures pour la libération des otages». Le président de la RASD, Mohamed Abdelaziz, dans une lettre adressée au secrétaire général de Nations unies, Ban Ki-moon, dénonce cette attaque qui «vise à terroriser les réfugiés sahraouis ainsi que les coopérants étrangers qui travaillent dans l'action humanitaire dans le but de priver le peuple sahraoui de l'aide précieuse que leur apportent les ONG étrangères depuis des décennies». Mohamed Abdelaziz a exhorté la communauté internationale «à être du côté du peuple sahraoui dans cette circonstance pour faire face à cet acte terroriste» ; il a également affiché la disponibilité des autorités sahraouies «à coopérer avec les pays de la région pour faire libérer les otages». De son côté, la ministre espagnole des Affaires étrangères, Trinidad Jimenez, citée par la presse madrilène, assurait que son gouvernement «travaillait avec les gouvernements de la région, mais agissait avec une grande prudence afin que les coopérants soient libérés dès que possible».