Plus d'une centaine de pays et organisations internationales se sont retrouvés, hier, à Pékin pour rassembler près de 1,5 milliard de dollars, coût estimé de la première offensive mondiale dans la guerre contre la grippe aviaire. « La coopération internationale a acquis une importance et un caractère d'urgence sans précédent », a déclaré Qiao Zonghuai, vice-ministre chinois des Affaires étrangères, en ouvrant cette conférence de deux jours. De nombreux pays sont représentés à Pékin par leur ministre de la Santé, un niveau de délégation qui donne la mesure de l'importance accordée à la réunion organisée par la Chine, la Banque mondiale et l'Union européenne (UE). La journée d'hier a permis aux experts d'examiner les besoins de financement évalués par la Banque mondiale avec l'OMS, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et l'Organisation internationale pour la santé animale (OIE, indépendante). Dans un rapport récent, la Banque mondiale estimait à 800 milliards de dollars le coût économique et financier d'une pandémie de grippe aviaire, avec ses millions de morts et ses dizaines de millions de malades. Les quelque 90 pays donateurs et 25 organisations présents à Pékin sont appelés à fournir entre 673 à 948 millions de dollars, soit la somme destinée à aider les pays infectés ou « à risque ». Ainsi, l'UE fait un don de 120 millions de dollars, un montant équivalent à celui des Etats-Unis et qui ne tient pas compte des apports individuels des pays membres. En Turquie, le virus vient de tuer une jeune fille de 16 ans, quatrième victime de la maladie hors Extrême-Orient. Une vingtaine de personnes ont été contaminées dans le pays depuis fin décembre 2005, rappelant la réalité de la menace à ceux qui pensaient la contagion humaine limitée à l'Asie. Apparu en 2003 en Asie du Sud-Est, le virus H5N1 a tué 78 personnes dans la région, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Il s'est étendu à l'Europe, transporté à l'automne par les oiseaux migrateurs. Les experts craignent qu'il gagne ainsi l'Afrique et l'Amérique latine, prenant pied sur tous les continents. « Cela reste une maladie animale, mais le risque d'une pandémie est grand et on ne peut en prédire ni le moment ni la sévérité », a lancé la responsable de l'OMS pour les pandémies, Dr Margaret Chan, devant les délégués. Il faut savoir que près d'un million de volailles ont été abattues en Turquie dans le cadre de la lutte contre la propagation de la grippe aviaire, selon le Centre national turc de coordination pour la grippe aviaire. Selon le centre, l'éclatement de la grippe aviaire a eu lieu dans 13 provinces, dont Ankara, Istanbul et Aydin, et des cas suspectés ont été signalés dans 22 autres provinces. Le centre a également confirmé qu'une fille de 12 ans était morte dimanche dernier de la grippe aviaire, portant à 4 le nombre des décès humains de la grippe aviaire en Turquie. Par ailleurs, l'Autorité palestinienne a accusé lundi Israël d'avoir tenté d'introduire la grippe aviaire dans les territoires palestiniens en y enterrant des volailles mortes suspectées d'être atteintes du virus H1N5. Israël « a enterré, le 9 janvier, 85 000 volailles à Beit Fourik, région jouxtant la ville de Naplouse dans la Cisjordanie », précisant que « cet acte a éveillé des soupçons quant à la possibilité que ces volailles soient porteuses du virus de la grippe aviaire », a déclare à la presse Dr Youcef Abou Safia, président de l'organisme palestinien de contrôle de la qualité de l'environnement. L'Algérie est-elle présente à Pékin ? Aucune déclaration officielle faisant état d'une participation de l'Algérie à la conférence de Pékin n'a été rendue publique. Nous ignorons ainsi si une délégation du ministère de la Santé prend part à ce grand rendez-vous mondial, consacré à la grippe aviaire et qui réunit plus de 100 pays. Nos tentatives de joindre les services concernés du ministère de la Santé se sont avérées vaines, sachant néanmoins que le ministre de la Santé, M. Tou, était hier à Alger.