La coopération internationale a pris une ampleur et un caractère d´urgence sans précédent. Plus de cent pays dans le monde et 25 organisations internationales dont l'ONU, l'OMS, la Banque mondiale et la FAO se sont réunis hier, dans la capitale chinoise, Pékin, pour tenter de rassembler près de 1,5 milliard de dollars destinés à parer une éventuelle pandémie de grippe aviaire. Un véritable téléthon mondial en vue de maîtriser la menace que comporte le virus H5N1. La conférence de Pékin intervient au lendemain de la confirmation d´un nouveau décès en Turquie, portant à quatre le nombre des morts sur un total de 20 personnes contaminées par cette maladie dans le pays depuis fin décembre. Les autorités turques affirment avoir éliminé plus de 764.000 volailles dans les différentes régions du pays. En Indonésie, un enfant de 3 ans, frère d´une adolescente de 13 ans décédée ce week-end des suites de la grippe aviaire, est mort hier. La soeur ainée des deux victimes restait par ailleurs hospitalisée à Bandung, présentant les mêmes symptômes. Le virus a officiellement tué douze personnes en Indonésie. De ce fait, la coopération internationale a pris une ampleur et un caractère d´urgence sans précédent. Les experts craignent qu´il gagne ainsi l´Afrique et l´Amérique latine, prenant pied sur tous les continents. Aussi, de nombreux pays sont-ils représentés à Pékin par leur ministre de la Santé, un niveau de délégation qui donne la mesure de l´importance accordée à la réunion organisée par la Chine, la Banque mondiale et l´Union européenne. La journée d'hier devrait permettre aux experts des délégations d´examiner les évaluations faites par la Banque mondiale qui estime à 800 milliards de dollars le coût économique et financier d´une pandémie. Pour éviter ce scénario catastrophe, il faut débloquer de 1,202 à 1,442 milliard de dollars pour aider les pays déficients à se doter de réseaux de détection rapide et à mettre sur pied une parade en cas de transmission à l´homme, selon un plan des besoins établi par la Banque mondiale avec les organisations internationales compétentes. "Il faut sortir de situations où la mort d´êtres humains joue le rôle de sentinelle pour l´infection animale", a souligné devant des journalistes la responsable de l´OMS pour la lutte contre les pandémies, le Dr Margaret Chan. Les experts sont d´accord pour privilégier le contrôle, voire l´éradication du virus "à la source", dans les élevages de volailles, "ce qui est la façon la plus efficace d´éviter une pandémie" engendrée par une mutation du virus en une souche transmissible d´homme à homme, a souligné le Dr Chan. Des systèmes de détection fiables impliquent de bons réseaux vétérinaires, mais aussi des fonds d´indemnisation adéquats pour que les paysans signalent les volailles malades sans craindre de perdre leurs ressources. Le plan de lutte prévoit aussi des campagnes d´information sur la nature du virus et les dangers de contamination causés par la promiscuité avec les oiseaux malades. Enfin, afin de pouvoir réagir à une contagion humaine, des stocks de médicaments antiviraux doivent être constitués. La première donation est venue du laboratoire suisse Roche. Il va fournir à l´Organisation mondiale de la santé 20 millions de nouvelles doses de Tamiflu. Ces doses, permettant deux millions de traitements, s´ajouteront aux 30 millions que Roche s´était déjà engagé, l´année dernière, à fournir, en cas de pandémie. Le Tamiflu est considéré à l´heure actuelle comme le médicament le plus efficace contre le virus H5N1 et pourrait constituer, selon les experts, la première ligne de défense en cas de pandémie humaine. Apparu en 2003 en Asie du sud-est, le virus H5N1 de l´influenza aviaire s´est étendu vers l´Europe, transporté par les oiseaux migrateurs. Il n´est pas exclu qu´il gagne ainsi l´Amérique latine et l´Afrique, prenant pied sur tous les continents. A la mi-janvier, le virus a déjà tué 80 personnes.