Le kidnapping du militant des droits de l'homme, Nourredine Belmouhoub, ce 23 octobre, à Alger, par des barbouzes non identifiés renseigne sur les choix anachroniques adoptés par les autorités pour freiner l'élan de la société civile. Terrorisées par les bouleversements dans la région qu'elle n'a pas vu venir faute de stratégie clairvoyante, les autorités - ou une partie - ont choisi la terreur au dialogue, alors que sont brandies des réformes de façade. Le plus inquiétant, est qu'il s'agit de barbouzes, armés, disposant de plusieurs véhicules et d'un point de chute qui a été, à l'occasion du rapt de Nourredine Belmouhoub, un lieu de détention secret. Toute une logistique digne d'un service de sécurité ! Avec en prime l'intimidation et la privation de sommeil qui est une forme de torture. Du niveau des services de sécurité «officiels» qui bafouent la loi, nous sommes passés au degré encore plus inquiétant de «services parallèles», jouissant de moyens et de l'impunité la plus totale. Parce que ce n'est pas la justice algérienne qui va s'autosaisir ou accepter une quelconque plainte. Même symboliquement. La dérive est grave aussi sur le plan de la stratégie sécuritaire : comment les autorités peuvent-elles se permettre le luxe de brouiller un dispositif qui fait face au défi du terrorisme encore actif ? Nous l'avons déjà vu avec l'incroyable opération de manipulation concernant la fausse «révolution » du 17 septembre, ou comment des officines de la présidence de la République manigancent à l'encontre des services de sécurité. La création de ce genre de « services parallèles » renseigne également sur le manque de cohésion entre différents segments de l'Etat. Pire, sur une méfiance entre les décideurs qui fragilise, encore une fois, l'image du pays et sa capacité à aller de l'avant.