Lors du colloque qui lui a été consacré à Tizi Ouzou, les conférenciers ont mis en exergue, dans leurs exposés, l'immense apport de l'auteur de Nedjma à la littérature universelle. La vie et l'œuvre théâtrale du dramaturge, poète et écrivain algérien d'expression française Kateb Yacine (1929-1989) ont été évoquées lors du deuxième colloque qui lui a été consacré les 29 et 30 octobre à la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou. Des universitaires et des spécialistes du «poète des indignés» ont mis en exergue, dans leurs exposés, l'immense apport de l'auteur de Nedjma à la littérature universelle. La communication de Malika Boukhelou, enseignante à l'université de Tizi Ouzou, a porté sur «l'émigration vue par Kateb Yacine dans Mohamed prends ta valise». L'intervenante a présenté une lecture de cette pièce théâtrale qui remonte à l'origine de l'esclavage, à la traite des Noirs, et de démontrer que Kateb Yacine démonte les mécanismes de l'aliénation et de l'exploitation des puissances coloniales des peuples du continent Africain. «Kateb Yacine est un écrivain qui a produit une œuvre majeure qui se trouve être Nedjma dans la langue française. Mais au lendemain de l'indépendance, il s'est rendu compte que la langue française ne pouvait pas s'adresser au peuple qui était illettré. Il s'est rendu compte qu'il ne pouvait non plus lui s'adresser dans la langue arabe classique. Donc il est revenu à la langue maternelle dialectale pour sensibiliser le peuple, l'éduquer et le mettre sur la bonne voie. Il était en quelque sorte un éveilleur des consciences. Kateb Yacine est revenu à sa vocation première : le théâtre, qui est ancré dans le réel et en plus, il a un effet immédiat et touche le grand public. Le théâtre décompose la cohérence de la société et recompose l'image du monde. Il fait réfléchir. Et, ce que visait Kateb Yacine, était d'amener les gens à réfléchir et prendre conscience des problèmes qui se posaient à eux et à prendre leur destin en main», a expliqué l'universitaire. Lors de la première journée, Mohamed Lakhdar Maougal, écrivain et professeur d'enseignement supérieur, a fait remarquer que «ce qui est remarquable et extraordinaire chez Kateb Yacine, c'est qu'il a transformé une langue qui lui est étrangère, le français, qui est une langue du savoir et de la rationalité, en une langue fondamentalement poétique. Il l'a rendue folle et l'en a fait véritablement une parole essentiellement poétique.» Le conférencier a appelé, par ailleurs, à l'ouverture des archives de Kateb Yacine. «Il faut récupérer les manuscrits et les documents de Kateb Yacine archivés à Paris», insiste-il. Au cours de la séance consacrée aux témoignages, Fadhéla Kateb, la sœur de l'écrivain, évoquera succinctement en termes émouvants la sympathie et l'affection qu'éprouvait son frère autant pour les siens que pour les autres personnes de son entourage. Elle rappellera ainsi le parcours touchant de la période où son frère avait abandonné les études secondaires pour s'adonner à la création artistique.