Afef Fenouh vient de publier un nouveau recueil de poèmes aux éditions Dar El Hikma à Alger, Bahri yaghraqou ahyanen (Ma mer coule parfois). Afef Fenouh est également journaliste au service culturel de l'ENTV. -Bahri yaghraqou ahyanen est votre deuxième expérience dans l'écriture poétique… Oui. J'ai déjà publié un premier recueil en 2005, Lajiatou Hob (une exilée d'amour) chez Dar Al Hadhara. Ce recueil a porté mes poèmes d'enfant que je ne voulais pas laisser de côté. Je les ai gardés dans leur version originale, je n'ai pas voulu les modifier et les adapter aux règles du chiir amoudi (poésie strophique). 2005 a vu mûrir ma seconde expérience, Bahri yaghriqou ahyanen publié aux éditions de Dar Al Hikma. Il contient 23 poèmes sur 100 pages. Il y a de la poésie métrique et de la poésie à rimes. Mes poèmes brassent large : le pays, facebook, l'amour, la femme, la mélancolie… -La mélancolie ? Oui. Ce sentiment donne à l'être humain beaucoup de choses. L'allégresse est souvent stérile. La larme fait l'homme. -Et pourquoi facebook est-il présent dans votre poésie, «Qalbou Face» («le cœur de Face») ? Facebook est présent comme un sens, un fond, un contenu. Il y a, à travers le réseau mondial, beaucoup de poètes actifs sur facebook. Il y a une telle proximité lorsqu'on anime des discussions instantanées. De l'amour virtuel ! J'ai écrit un poème dans le mode «bahr bassit» sur facebook où j'évoque des amis. Malgré tous les méfaits de la technologie, il existe toujours cette possibilité d'élargir son cercle d'amis. Par exemple, j'ai connu la poétesse marocaine Fatma Zohra Beniss à travers facebook. Elle est venue lire sa poésie au dernier Salon international du livre d'Alger (Sila). Aujourd'hui, on se connaît mieux. -Quelle est la place de la liberté de votre poésie ? Je suis favorable à la liberté à un million pour cent ! Cependant, le poète doit savoir user de la liberté sans choquer, sans mettre dans la gêne, sans blesser… Il doit dire des choses avec un contenu. La poésie donne d'énormes possibilités à celui qui l'écrit, plus que les autres genres littéraires. Aussi notre propre folie s'échappe-t-elle à travers les vers que nous alignons. -Et comment Afef Fenouh arrive à allier poésie et journalisme ? Pour moi, le journalisme signifie la tranquillité, la poésie, elle, renvoie à la folie. Je peux écrire tout ce que je veux dans mes poèmes, ce que je ne pourrai jamais faire dans mes sujets à la télévision. La poésie était une vocation pour moi. C'est devenu un métier. Je suis donc plus poète que journaliste. -Avez-vous pensé à l'écriture romanesque ? J'ai écrit des nouvelles pendant plusieurs années, puis je suis passée à la poésie. J'ai donc pris le chemin inverse de ceux qui ont commencé par la poésie avant d'écrire un roman. J'avoue que je réfléchis à l'élaboration d'un roman. Cela ne veut pas dire que j'ai échoué dans la poésie. Comme le disait le défunt Tahar Ouettar, le roman s'adresse aux générations, la poésie s'occupe de l'instant. Les qacidate peuvent évoluer en poèmes sur le long terme…