Richard Yung, l'un des douze sénateurs français qui représentent les Français à l'étranger, était en visite à Annaba lundi et mardi. 60% des ressortissants français sont en fait des binationaux, dont une partie se trouve dans des situations précaires avec moins de 2000 DA de revenus mensuels. «Nous sommes obligés de faire quelque chose pour eux», nous a déclaré Richard Yung. La scolarité des enfants est l'autre préoccupation majeure des personnes rencontrées par le sénateur. Richard Yung, qui revient du Liban, a une bonne connaissance du monde arabe. Pour lui, il est encore trop tôt pour tirer des conclusions sur les révoltes qui secouent les pays arabes. Si l'on doit se réjouir de tous ces peuples qui se libèrent des dictatures, parler de «révolution» est à son avis prématuré et il faut attendre que les nouveaux pouvoirs prennent forme. Richard Yung, également membre du conseil national du Parti socialiste, comprend parfaitement que les Algériens ne soient pas tout à fait satisfaits de l'état actuel des relations entre l'Algérie et la France. Pour lui, qui a soutenu une proposition de loi pour la reconnaissance des crimes du 17 octobre 1961, la question de la circulation des personnes, autrement dit celle des visas, qui empoisonne le climat entre les deux pays, est plus primordiale que le devoir de mémoire. Le sénateur trouve qu'il y a effectivement une forme d'humiliation dans la délivrance du visa et trouve scandaleux que l'on ne fasse pas une nette distinction entre les candidats à l'immigration clandestine et les scientifiques, les hommes d'affaires, les malades, les familles… Quant aux investisseurs français, on ne peut pas les contraindre à venir, il faut les attirer, a conseillé M. Yung. Les relations entre les deux pays seront-elles revisitées si le candidat du Parti socialiste, François Hollande, est élu président de la République ? «Il y a de fortes chances que oui», a répondu M. Yung. M. Hollande était à Alger en décembre 2010 et il était aux côtés des Algériens à Paris pour la commémoration des crimes du 17 octobre, a encore fait remarquer le représentant des Français à l'étranger. «Il faut croire que les choses ne peuvent qu'aller mieux», a-t-il ajouté.