Le constructeur automobile français Renault finira-t-il par implanter une unité de production en Algérie ? A mesure que l'échéance de la signature d'un accord s'éloigne, les plus pessimistes écartent la possibilité de voir la marque au losange s'installer en Algérie. Le ministre de l'Industrie, de la PME et de la Promotion des investissements ne désarme pas pour autant et continue à répéter avec optimisme que les négociations entre son département et le constructeur français avancent bien. Jeudi, M. Benmeradi a saisi l'occasion de son passage au Conseil de la nation pour annoncer que les deux parties avaient avancé sur un certain nombre de questions, notamment le lieu de la future usine. Selon l'APS, le projet, initialement prévu au niveau des sites de production de la Société nationale des véhicules industriels (SNVI) dans la zone industrielle de Rouiba, pourrait finalement être implanté dans la zone industrielle de Bellara, à Jijel. Le ministre, qui avait précédemment annoncé que les négociations étaient achevées à 90%, a précisé jeudi que celles-ci «se poursuivent et nous espérons arriver à un accord avant la fin de cette année». Selon lui, le taux d'intégration du projet se situera entre «20% et 25% dans un premier temps avant d'augmenter à 60% avec l'intégration des pneumatiques et du vitrage». Et d'ajouter que la future usine devrait produire 75 000 unités avant de doubler de capacité et atteindre, à terme, une production annuelle de 150 000 véhicules, pour un marché qui compte sur l'importation moyenne de 300 000 unités annuellement. Le ministre de l'Industrie ne cache d'ailleurs pas son espoir de voir d'autres constructeurs s'installer en Algérie, à l'exemple de l'allemand Volkswagen avec lequel les négociations «sont ébauchées», selon les propos de M. Benmeradi. L'objectif, à terme, est donc de créer un véritable pôle de construction automobile à Jijel. Après des décennies de jachère, la zone industrielle de Bellara est destinée à devenir, à moyen terme, un pôle de production pour l'industrie sidérurgique. En plus du fait que la liaison entre le site de production et le port de Djendjen – actuellement géré par l'émiratie DP World – est assurée. Bellara pourrait être le terreau, selon les projections du département de Benmeradi, afin de le constituer selon le modèle de Tanger Med. Le ministère de l'Industrie reprend donc à son compte une idée qui avait été, au départ, proposée par le patron du groupe privé algérien Cevital, qui voulait devancer les Marocains pour la création d'un pôle industriel intégré à un port en eau profonde, dans la région de Cap Djinet. Issad Rebrab prévoyait d'ailleurs un partenariat avec Hyundai, n'était l'opposition du gouvernement à l'aboutissement du projet. Le projet étatique aura fort à faire avec un certain nombre d'embûches et pas des moindres. D'abord le fait que, dans le cas de Renault, le projet est dominé par un caractère fortement politique et dépend donc des relations extrêmement tumultueuses qui lient l'Algérie à l'Hexagone. D'ailleurs, le ministre de l'Industrie doit rencontrer l'envoyé spécial de l'Elysée pour les questions économiques avec l'Algérie, Jean-Pierre Raffarin, avant la fin de l'année, et espère parvenir à un accord avant cette date. Or, la partie n'est pas gagnée pour autant. Selon M. Benmeradi, il reste encore à «arrêter la répartition des 51% du capital revenant à l'Algérie». En outre, le choix porté sur le port de Djendjen pourrait bien poser des difficultés, selon certains observateurs qui estiment que malgré tous les avantages qu'il offre en matière de capacités de transbordement, les problèmes récurrents d'envasement auxquels il fait face grèveraient son efficacité en tant que port industriel.