Le jeune Youcef Mahloul croupit en prison depuis le 3 janvier pour une affaire dans laquelle il n'a aucune responsabilité. Sa famille, sous le choc de cette incarcération, a frappé à toutes les portes pour le faire sortir de prison, en vain. Chauffeur occasionnel, Youcef Mahloul ne se doutait de rien lorsqu'en 1999, à bord d'un camion semi-remorque, il attendait au port d'Alger, son tour pour transporter la marchandise appartenant au propriétaire du poids lourd. Deux containers ont été chargés pour être livrés à Chlef et à El Eulma. Mahloul reçoit les documents accompagnant les produits, à savoir les « D3 » (dédouanement de la marchandise en tant que poussettes pour bébés), un registre du commerce (avec lequel a été effectué l'opération de dédouanement). En cours de route, il est intercepté par les gendarmes, lesquels ont découvert que les containers n'étaient pas chargés de poussettes comme déclaré à la Douane du port d'Alger, mais de téléphones portables. Après son audition, sur procès-verbal, Mahloul a été présenté devant le tribunal à El Eulma avec le propriétaire de la marchandise et du camion, et obtenu l'acquittement. Les services des Douanes ont fait appel, et l'affaire a été jugée une deuxième fois à Sétif, où la cour a confirmé le premier verdict. Après cassation auprès de la Cour suprême, le dossier a été déféré une autre fois devant le tribunal de Sétif qui a condamné le chauffeur occasionnel à payer une amende douanière de 15,30 millions de dinars. Le propriétaire, qui a importé la marchandise et l'a dédouanée avec une fausse déclaration et un registre du commerce loué, a été tout simplement acquitté. N'ayant pas le moyen de payer cette somme, et surtout refusant d'assumer un délit qu'il n'a pas commis, Mahloul a fait l'objet d'une contrainte à corps et croupit à la prison depuis le 3 janvier, laissant des parents dans le désespoir le plus total. Dans une lettre émouvante, ils ont interpellé les pouvoirs publics quant au complot ourdi par une mafia des containers contre leur jeune fils profitant de sa naïveté et de son statut de chômeur.