Dans l'attente d'un jugement qui ne se profile toujours pas, le jeune Mohamed Farès B. croupit à la prison de Sétif, depuis 47 mois. Les innombrables demandes de liberté provisoire sont restées lettre morte. Le citoyen vit, le moins qu'on puisse dire, l'enfer, depuis son incarcération, le 23 avril 2002 au motif de vol qualifié. Son co-inculpé B. Z. jouit, quant à lui, de la liberté provisoire. Le père de l'incarcéré s'est une nouvelle fois rapproché de nos bureaux pour exprimer la douleur d'une famille et alerter les pouvoirs publics, le garde des Sceaux notamment, pour qu'ils mettent un terme à un supplice qui n'a que trop duré : « Farès s'est effectivement associé avec trois personnes pour l'ouverture d'un atelier de tôlerie, mais il n'a rien avoir avec le réseau de vol et falsification de châssis démantelé le 20 avril 2002 par la brigade de gendarmerie d'El Ouricia. Je signe et persiste, mon fils, qui n'a pas d'antécédents judiciaires, est innocent », souligne notre interlocuteur, qui a, en vain, frappé à toutes les portes. Connaissant les ficelles et les astuces des procédures, B. Z. a déjà introduit deux pourvois en cassation auprès de la Cour suprême. Le premier, qui a été émis le 25 janvier 2003, n'a été finalisé que 30 mois après. Insatisfait par l'arrêt de cette instance, il réactive le 26 octobre 2005, un autre pourvoi. « Dieu seul sait combien de temps encore cela va-t-il prendre ? », s'interroge le tuteur de Farès qui enchaîne « en procédurier aguerri, B. Z. est capable de laisser moisir mon fils en prison, des années encore, d'autant que la loi lui permet de recourir à un troisième pourvoi en cassation. » Pour clamer son innocence, Farès a observé plusieurs grèves de la faim et un procès. En dépit de cela, la torture de toute une famille perdure depuis 47 mois. « Une fois de plus, je sollicite à travers ces colonnes le président de le République pour que mon fils soit jugé, lui accorder le cas échéant la liberté provisoire », conclut ce père au bord de la déprime.