S'exprimant hier au forum de la télévision algérienne, le directeur général des Douanes, Sid Ali Lebib, a affirmé avoir licencié 100 cadres, parmi lesquels 7 directeurs centraux, et déféré devant la justice 530 agents douaniers pour des affaires liées soit à la corruption, soit à des fautes professionnelles graves. Il a promis que 2006 sera celle de la lutte contre la corruption et les dépassements. Interrogé sur l'affaire des deux unités de dessalement d'eau de mer importées par le groupe Khalifa, il dira qu'il s'agit « d'une grande tromperie, tout comme le groupe lui-même ». Selon lui, ces unités ont été importées en juin 2002 pour être offertes à titre de don aux services de l'hydraulique. « Elles sont arrivées au port d'Alger sans aucun document officiel, alors que le transfert du montant en devises avait été effectué trois mois auparavant ». Le responsable n'a pas expliqué comment l'opération de transfert a eu lieu sans aucun fonds documentaire douanier. Il a également refusé de faire état de ce montant, se contentant de dire seulement qu'il est « important ». Des sources bancaires avaient avancé le montant de 86 millions de dollars, transférés comme première partie d'une somme totale de 267 millions de dollars. « Nous n'avons aucune attribution en mer et les deux unités étaient au large des eaux portuaires », a-t-il répondu. Une révélation qui surprend dans la mesure où les stations de dessalement avaient été réceptionnées à quai, comme l'a si bien affirmé M. Lebib, avec un grand tapage médiatique. Elles relevaient donc des compétences des services des douanes. Renvoyant la balle dans le camp des gardes-côtes, M. Lebib a déclaré : « Le 27 juillet 2002, et sans aucune autorisation des douanes, ces deux unités ont été transférées à Zemmouri sur ordre des gardes-côtes (...). L'affaire est en justice... » Abordant la question des exportations des déchets ferreux et non ferreux, le directeur général des Douanes a rappelé que le mérite revient à son institution qui a ouvert le dossier en 2001, et ce n'est qu'en 2002 que les dossier a été déféré devant la justice. « Un signe de bonne santé » « Il s'agit de non-rapatriement de devises, mais également de fausses déclarations sur la valeur, le poids et l'espèce, et de faux registres de commerce. Nous maîtrisons ce courant de fraude », a-t-il expliqué, en notant que les scandales successifs liés à ces affaires « sont un signe de bonne santé ». « Durant les années 60, 70, et 80, les scandales étaient de loin beaucoup plus importants et plus graves, mais souterrains. Depuis quelques années, nous n'avons plus peur d'en parler », a-t-il argué. A la question de la prescription en matière d'infractions douanières liées au dossier des déchets ferreux et non ferreux, M. Lebib a indiqué que ce délai est de 15 ans. Or ce dernier concerne le recouvrement des droits et taxes douaniers, limité par le code des douanes à 4 et 15 ans. Le même article précise que la prescription en action des infractions douanières est, quant à elle, limitée à 3 ans. C'est sur la base de cet article que 19 dossiers contentieux liés aux exportations de déchets ferreux et non ferreux au port d'Alger ont été touchés par la prescription. A la question de l'arrangement par la transaction, le patron des Douanes a indiqué qu'il s'agit d'une nouveauté qui permet d'éviter d'aller devant la justice pour des affaires simples qui n'ont rien à voir avec la contrebande ou la drogue. « Un grand pourcentage de nos affaires en justice est perdu. Avec la transaction, c'est l'arrangement à l'amiable, mais avec la confiscation de l'objet de l'infraction... » Interrogé sur les mesures prises pour faire face à la grippe aviaire, le directeur général a affirmé qu'un texte est en cours d'élaboration et porte sur la suspension provisoire de l'importation de tout produit susceptible d'être affecté par ce virus. « Pour l'instant, nous agissons avec les moyens que nous avons... » Sid Ali Lebib est revenu sur l'affaire de l'importation, l'année passée, par un Syrien, membre d'une société privée de droit algérien, d'un dock flottant, déclaré à 29 millions de dollars US, alors que son prix réel était de 2,5 millions de dollars. « Le mis en cause a été condamné à 4 ans de prison ferme, nous avons fait appel parce que nous avons estimé que nos demandes n'ont pas été accordées. » A propos de la contrebande, le directeur général des Douanes a annoncé que durant 2005, les services des douanes ont saisi 4682 kg de cannabis, 17.000 unités de psychotropes, 761.950 cartouches de cigarettes et 60 containers de pétards. A propos des véhicules neufs importés par les anciens moudjahidine et bloqués dans les ports, M. Lebib a expliqué que l'actuelle loi de finances a revu à la baisse la puissance des véhicules importés neufs avec des licences d'anciens moudjahidine. « Cette puissance est passée de 2500 à 2000 et de 2000 à 1600. Les gens n'étaient pas au courant. Il s'agit là d'un vrai problème et je souhaite qu'il y ait révision de cet article au moins pour les véhicules ayant été importés avant le 1er janvier 2006 afin que les véhicules actuellement bloqués soient dédouanés », a-t-il précisé.