Depuis samedi dernier et jusqu'à hier, la maison de la culture Rédha Houhou de Biskra abrite une exposition picturale de 35 tableaux réalisés en 2011 par 7 artistes locaux. Hasard ou choix délibéré des organisateurs, les œuvres de Abdallah Bouzaher, Salim Bouhali, Lazhar Rahal, Rached Saâd, Larbi Mohdeb, Meftah Zbila et Yahia Bourmel, que l'on peut aisément cataloguer dans le genre de l'abstrait, composent une unité thématique qui saute aux yeux tout en présentant une multitude de styles et de démarches, qui n'ont pas laissé de glace les nombreux visiteurs. L'abstrait est, apparemment pour ces artistes, le domaine de tous les possibles. «C'est un champ illimité dont une infime partie a été défrichée par les précurseurs de renommée mondiale. Nous voulons contribuer à l'avènement d'une école algérienne de l'abstrait, qui a déjà ses grands noms. On y arrive à l'issue de longues recherches faites de tâtonnements et d'essais plus ou moins aboutis», a précisé Nourredine Tbarha, commissaire de l'exposition. En choisissant ce mode d'expression, souvent associé à de l'ésotérisme par le grand public, ces artistes craignent-ils d'être incompris et affublés du sobriquet de farfelus et de rêveurs, tant leurs œuvres paraissent vaines et sans avenir dans le monde d'aujourd'hui? Aucunement, ils revendiquent même ces qualificatifs auxquels ils adjoignent celui d'être des éclaireurs des consciences. D'une esthétique parfois frisant la naïveté mais débordant de créativité, usant de couleurs telluriques et spatiales, de teintes végétales, montrant des formes de visages de personnages englués dans les convulsions de l'indicible, flottants, écorchés, et aux orbites asymétriques, des esquisses de paysages et de villages traditionnels qui semblent appeler au secours, des souvenirs comme estompés par les fracas du temps et des modifications qu'il apporte aux rêves d'enfants, les tableaux ornant la salle d'exposition méritent vraiment le coup d'œil. C'est qu'ils ouvrent une dimension de l'âme des gens qui souffrent d'un mal connu ; le défaut d'altruisme et de contact avec le beau. Ces artistes-là remédient à leur manière à ces maux des sociétés modernes. Organisée par l'Union nationale des arts culturels (UNAC), en collaboration avec la direction de la culture de Biskra, cette manifestation initie une série d'autres, consacrées aux arts plastiques, lesquels, après des années de vaches maigres, retrouvent leur place sur la scène culturelle locale.