A 75 ans, elle a la pêche, du talent et de la persévérance. Doyenne des artistes peintres, Souhila Belbahar expose ses nouveaux beaux crus dans une nouvelle démarche depuis le mois d'avril à la galerie Racim (27 avril au 13 mai).Avec sa peinture à la dimension universelle, elle enjambe le temps pour atteindre son challenge de toujours, l'art abstrait. Ayant suivi les conseils de feu son père, qui voulait qu'elle éduque son œil, Souhila s'est imprégné de styles de divers peintres. De copiste à son propre style, dont elle s'est forgé une personnalité forte dans l'art pictural, elle investie les chemins de l'abstrait. Que l'on soit néophyte ou spécialiste, on garde en mémoire ses toiles exquises au tracé évanescent avec ses femmes pétales et ses bouquets de fleurs, d'une puissante concordance et d'une harmonie de chromatiques. Ces anciennes productions sont exquises à l'œil plaidant pour une grande dextérité ; ces nouvelles témoignent d'une bonne maîtrise et d'une expérience avérée dans ce domaine. Son habileté dans le choix des teintes, dont elle seule en a le secret, et ses succulents dessins l'enserrent dans un enfermement que tout artiste réfute au nom de la liberté de création. Pour Souhila, ces œuvres relatent 25 ans d'une période enthousiaste comme le chant serein de sa vie colorée entre couches, biberons, mari et pinceaux. Toute son œuvre ne jure que par sa haute facture qui fait de cette artiste peintre une grande dame digne des grands maîtres de la peinture. Avec sa vivacité et sa constance, Souhila Belbahar a su conjuguer son talent pour en faire une raison de vivre. Dialogue haut en couleurs à l'image de ses toiles qui apportent quiétude, douceur et sagesse dans ce monde tourmenté. Pourquoi ce titre «Révélation» pour cette exposition à la galerie Racim ? Cette exposition ne suit pas la même tendance que mes autres expositions d'où le titre «Révélation» puisqu'elle fait appel à l'art abstrait. Très jeune, j'ai fais de l'abstrait, mais je n'étais pas convaincue, car je n'avais pas la maturité nécessaire. Avec l'âge, je suis retournée à l'abstrait, alors que, dans mes innombrables expositions, j'avais toujours fait du figuratif avec des femmes pétales, des bouquets et des paysages et avec la présentation d'une ou deux toiles d'abstrait qui s'imposaient à titre personnel. Mme Guélini qui est commissaire de mes expositions m'avait dit, il y a quelques années, quand tu auras un quota appréciable de tableaux abstraits, on pourra organiser une exposition. Ce qui fut fait avec cette manifestation à la galerie Racim. Avec «Révélation», j'ai voulu surprendre. Vu mon âge, je me suis dit, c'est le moment de rajeunir ma peinture et de faire de l'art contemporain, car il est plus crédible dans les mentalités de 2009. Durant mon parcours artistique, j'ai peint du réalisme, de l'impressionnisme, du Matisse, et du Dufy ; l'art pictural abstrait s'inscrit dans l'universalité, mais pour moi, ce travail n'est pas un aboutissement.Dans la technique du sablage de certains tableaux, il n'y a pas de cassure ; en créant des arabesques, j'ai obtenu une écriture plastique qui est très vaste et multiple. Y a-t-il un changement de registre, des femmes pétales vous passez à l'abstrait C'est une exposition que j'ai préparée depuis de nombreuses années, pour avoir suffisamment de tableaux à exposer dans ce mouvement . J'ai effectué une recherche pour aboutir à cette exposition «Révélation» . Dans l'abstrait, tout est lié ; je pars d'une idée avec la limitation de la couleur. Je fais un essai en format réduit et lorsque je suis convaincue, je le peins ; il faut avouer qu'il y a beaucoup de hasard ; Dans le figuratif, l'artiste est victime de certaines données comme le dessin, les couleurs, la mise en page et l'élaboration. L'abstrait nécessite-t-il plus de maîtrise dans le tracé, dans la thématique et l'accord des tons ? Il est vrai que dans l'art abstrait, il y a une maîtrise du tracé et de la couleur. Un artiste peintre ne peut produire cet art s'il n'a pas l'expérience adéquate. Pour ma part, j'ai à mon actif cinquante années d'exercice de la peinture pour avoir fait cette exposition. J'avoue avoir fait mes classes comme copiste de Delacroix, de Renoir et dans le cubisme ; mais pas intégralement dans une facture personnelle sans la mise en scène. J'ai été une véritable faussaire. J'en ris d'ailleurs. Puis ayant trouvé mon style personnel, on m'a catalogué dans ces femmes pétales qui reste un travail qui définit une période de 25 années de ma vie avec des personnages de la miniature persane pour certains, avec des arrière-fonds, de la couleur primordiale et de la dextérité pour l'équilibre du tableau. J'ai touché à plusieurs tendances avant de faire ce qui se trouve à la galerie Racim. C'est une recherche mais pas un aboutissement. Actuellement, je vais finir mes jours dans l'abstrait. Entretien réalisé par Kheïra Attouche