Les citoyens n'ont pas usé d'euphémismes pour parler d'irrégularités dans l'attribution des logements, de chômage et de hogra. Le contraste était présent au premier point visité lors d'une sortie officielle, effectuée, mardi, par les responsables de l'exécutif de la wilaya de Souk Ahras, dans la commune de Aïn Zana. Une maison de jeunes et une bibliothèque municipale ont été inaugurées dans la joie, en face d'une agglomération faite de taudis, et en présence d'une population qui en a gros sur le cœur. L'aménagement urbain n'y est pas de rigueur et les sentiers et autres chemins, retapés pour la circonstance, ne sont arrivés à maquiller ni les carences avérées d'une gestion approximative des lieux ni les signes apparents de misère perceptibles chez ces citoyens aux visages émaciés et aux mains rugueuses, témoins d'un effort physique permanent. Avant qu'un des entrepreneurs n'eut le temps de déclarer devant le wali que son entreprise accuse un retard dans la réalisation d'un projet de 50 logements sociaux à cause du manque de main-d'œuvre, un élu nous fait savoir que la population locale boude le secteur du bâtiment pour les conditions de travail non-conformes à la législation en vigueur. A Mechta Estah, un forage destiné à l'alimentation de la commune mère et de plusieurs autres hameaux en eau potable a été inspecté par le chef de l'exécutif. Des citoyens qui y voient une menace pour leurs lopins de terre et le cheptel sont venus exprimer leur refus de voir leur eau alimenter d'autres régions. Un cadre de la direction de l'hydraulique nous dira à ce sujet : « Ce forage à grand débit est capable d'alimenter 15 000 habitants, ceux d'Estah en premier lieu». On réclame l'équité Dans le cadre des opérations de désenclavement, une route devant mener vers les confins de la wilaya d'El Tarf, via la région fortement boisée d'El Ma Lahmar, a été annoncé comme projet pour la commune. Même décor à Ouled Driss, où la délégation officielle a inauguré un nombre de structures et de projets d'utilité publique. Un terrain en turf, désigné stade municipal, a amené le wali à parler dimensions, choix du site et surtout argent, puisque le coût de ce projet, peu conforme aux normes requises, qui peine à voir le jour, est déjà à 10 millions de dinars. Invités à soulever leurs problèmes devant le premier responsable de la wilaya, les citoyens des deux communes, venus en grand nombre à la salle de réunion de la daïra, n'ont pas usé d'euphémismes pour parler d'irrégularités dans l'attribution des logements, de chômage et de hogra dont ils font l'objet. Un handicapé de Aïn Zana parlera même de corruption lors des opérations de recrutement dans cette commune. Des habitants des deux circonscriptions, notamment ceux des bourgs éloignés de Aâch Laâgab, Bouamira, Ras El Oued et Bit El Mel réclament, entre autres, l'équité dans la distribution des logements ruraux, l'amélioration de la qualité de l'eau potable, le désenclavement et l'emploi. D'autres demandent le renforcement des moyens de transport, une antenne d'Algérie poste et Algérie télécom ainsi que la réalisation d'un lycée à Aïn Zana. De son côté, le wali a mis en relief les efforts consentis par les autorités locales dans le domaine du développement dans cette daïra et exhorté la population locale à faire preuve de patience en ce qui concerne les projets d'utilité publique. «Nous sommes à l'écoute de tous vos problèmes et nous réalisons chaque jour des acquis pour les citoyens de Ouled Driss et Aïn Zana, qui a des spécificités dont nous tenons compte», a-t-il dit après s'être étalé sur les réalisations en matière de routes, d'emploi, de logement, d'AEP et de raccordement au gaz et à l'électricité.