En évoquant un lien possible entre le handicap de leurs enfants et les produits qu'on leur aurait administrés à l'époque où ils jouaient en équipe nationale, sept footballeurs ont déclenché une polémique. D'un côté : ceux qui soutiennent que le dopage existait bien dans le sport de performance en Algérie à cette époque. De l'autre : ceux qui rejettent l'accusation sur le staff recruté dans les ex-pays de l'Est. «J'ai la conviction que nous ne sommes qu'au début d'une série d'affaires qui finira par un scandale, assure un membre de la Fédération algérienne de football. Et le football ne sera pas la seule discipline touchée. On sera forcément amené à parler d'athlétisme…» Depuis que sept anciens Fennecs ont réclamé, en début de semaine, l'ouverture d'une enquête sur le suivi médical dont ils ont fait l'objet entre 1977 et 1990, la question du dopage agite le milieu sportif. Principaux pointés du doigt : les médecins. Rachid Hanifi, qui en fait partie (voir interview ci-contre), défend le sport algérien d'avoir été sali par de telles pratiques. Mahieddine Khalef, entraîneur des Verts en 1979, 1980, 1982 et 1985, est aussi catégorique. «Le dopage en Algérie à cette époque n'existait pas ! Dans les ex-pays de l'Est, oui, mais pas en Algérie. Tout était strictement contrôlé par le Centre national de médecine du sport. Les joueurs passaient des examens avant d'avoir leur licence. Les médicaments que nous utilisions n'étaient sortis que dans une valise fermée à clé. Sans l'avis des médecins du sport de l'époque, rien ne pouvait se faire. Et ils étaient tous Algériens, nous a-t-il déclaré. Ce qui s'est passé avec le staff qui venait de l'Est est une autre histoire. Il faut faire très attention à ce qu'on dit, à ne pas tout mélanger, car je ne voudrais pas que l'on remette en question nos résultats en Coupe du monde et en Coupe d'Afrique !» Du côté des médecins du sport, une telle affirmation fait sourire. L'un d'entre eux, qui exerçait déjà dans les années 1980, affirme : «Le dopage était quelque chose de connu. Mais il est vrai qu'à l'époque, on ne parlait pas encore de lutte antidopage. Les produits présentaient moins de technicité.» Un ancien champion d'athlétisme confirme : «Le dopage est un sujet tabou. C'est un vieux dossier que l'on vient de déterrer, confie un ancien athlète. A la fin des années 1970, inquiet par l'ampleur que prenait la prise de produits dopants, un entraîneur d'athlétisme a remis un rapport au ministère de la Jeunesse et des Sports pour l'alerter. Non seulement son rapport n'a pas connu de suite mais il a été blâmé. Quant à moi, je peux vous assurer qu'on a tous été des rats de laboratoire…»