Les organes de presse tunisiens n'ont accordé, hier, que peu d'importance, voire même aucune, à la visite à Alger du leader du parti tunisien Ennahda. Accaparés par la distribution des rôles-clés du nouveau pouvoir local, les journaux à grand tirage du pays du jasmin n'ont, pour certains, comme la Presse ou Essabah, même pas mentionné cette visite. D'ordre «privé», rappelle le site web de Radio Kalima Tunisie. «Rached Ghannouchi a effectué une visite en Algérie, qualifiée de ‘privée' par le porte-parole d'Ennahda et d'‘officielle' par la presse algérienne», annonce Radio Kalima. «On penche plutôt pour cette dernière version (visite officielle, ndlr) puisque au lendemain de son arrivée, M. Ghannouchi devrait être reçu officiellement par le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, au palais d'El Mouradia», poursuit-on toutefois. Et ce sont d'ailleurs de larges reprises de la presse algérienne qui alimentent les articles livrés. «Pourquoi l'Algérie, pour quelle raison et pour quel objectif ?», s'interroge Tunivisions. Et là, chacun y va de sa réponse. Selon le site en ligne Journal-Tunisie.Info, Rached Ghannouchi cherche à rassurer ses hôtes sur la continuité des relations entre les deux pays, où il est en visite pour la seconde fois depuis la chute de Ben Ali. Pour le magazine Mille et une Tunisie, qui s'inquiète du retour ou non des touristes algériens dans ce pays, «le voyage de Rached Ghannouchi actuellement à Alger, même s'il ne s'inscrit pas dans cette urgence, est-il de nature à rassurer Alger ? Fera-t-il la promotion du tourisme ‘hallal' dont il est si fervent ?», s'inquiète le magazine, avant d'ajouter que Ghannouchi se doit de donner à son voisin des assurances quant à la politique que son parti escompte mener. Le magazine rappelle d'ailleurs que Beji Caid Essebsi avait effectué son premier voyage à l'étranger dans ce pays, lors de sa prise en charge du gouvernement de transition. «Coïncidence ?» «Vue de Tunis, cette visite de Ghannouchi vise à dissiper les inquiétudes algériennes face à l'arrivée aux affaires d'un gouvernement dirigé par une coalition conduite par Ennahdha», affirme le site Kapitalis. «Il est à parier que la première visite à l'étranger de Hamadi Jebali, prochain Premier ministre, sera aussi à Alger. La date aurait même peut-être déjà été discutée entre Ghannouchi et ses hôtes algériens», croit savoir le même média, qui conclut : «Wait and see…»