La Modus, cette petite Renault « au grand cœur », est parmi nous. Elle vient mêler sa forme généreusement potelée, son allure savamment recherchée et ses lignes astucieusement combinées à l'asphalte encombré, occupé par ses innombrables congénères issues des non moins innombrables constructeurs positionnés dans le marché algérien de l'automobile. La petite Modus, comme son sens étymologique latin voudrait le faire indiquer, ambitionne d'allier « la précision et la rigueur dans la mesure ». C'est un peu le raccourci exprimé hier à l'hôtel Sofitel par les responsables de Renault Algérie, qui se sont faits fort de présenter la petite nouvelle comme un modèle de référence consacré par ses cinq étoiles acquises au crash-test euro NCAP en matière de sécurité active et passive assez élaboré pour une cylindrée inférieure. En vérité, la Modus vient combler un trou dans la gamme variée de Renault en manque d'une citadine capable d'aguicher une clientèle supposée à mi-chemin de l'auto basique (700 000 à 800 000 DA) et de la moyenne cylindrée (supérieure à 1,5 million de dinars). C'est là une faiblesse que Renault se fait une ambition d'effacer dans la mesure où la réalité du marché (un tiers des voitures vendues en Algérie sont des citadines) impose de ne plus négliger ce segment stratégique. C'est pour cela que la Modus commercialisée dès ce début d'année vient ouvrir le chemin à des nouveautés promises par le constructeur français tout au long de 2006 (Logan DCI, Clio III, Scénic II, Clio classique restylée...) pour faire un peu oublier les performances mitigées de 2005 (10% de pertes de vente par rapport à 2004). Avec les aspects sécuritaires très sensibles de nos jours, la Modus, exposée et visitée hier sur le parking de Sofitel, présente un design sympathique, agréable à l'œil et légèrement rajeunie par rapport à sa cousine de la dernière décennie, la Clio. Elle conquerra certainement les clients sous le charme d'un design contemporain et avide d'innovations, car la petite dernière n'en manque pas. Il serait en vérité fastidieux de toutes les énumérer ici, mais son habitabilité, ses équipements de confort et ses performances dynamiques en feront probablement une séductrice redoutable sur le marché local. La Modus, c'est, en effet, 3,792 m d'astuces technologiques pratiques à portée de main et d'innombrables petits trucs qui charmeront mademoiselle, madame et monsieur, c'est-à-dire jeunes et moins jeunes. En fait, tous ceux qui aspirent à posséder une voiture à la fois maniable et généreuse à l'intérieur et qui attire le regard des filles ou des garçons, c'est selon, à l'extérieur. Le surprenant coup de génie des concepteurs tient surtout à cette impression d'espace quand on y prend place, doublée de la grande luminosité qui la caractérise par le truchement d'une vision panoramique unique dans les petites cylindrées, aidée, il est vrai, par un large pare-brise de 1,3 m2. Dans sa stratégie d'attente du client, Renault ne pouvait, en effet, circonscrire la petite Modus à un espace urbain réduit. En renforçant sa structure et sa base roulante, le constructeur français s'enorgueille d'en avoir fait également un véhicule suburbain, peu contraignant dans les longs trajets, par son confort « unique pour une petite cylindrée » et ses atouts dynamiques qui n'ont rien à envier aux grandes. Bref, tout est parfait, ou presque... La petite ombre à ce tableau idyllique concerne les prix affichés. La Modus sera vendue en Algérie sous deux variantes qui ne sont pas à la portée des petites bourses. Le « pack Expression » coûtera aux postulants la somme de 1.129.000 DA. Ceux qui aspirent à la totale des options devront se rabattre sur la « Modus Privilège » et débourser 1.398.000 DA, ce qui la ramène, en termes de prix, au niveau des moyennes cylindrées commercialisées sur le marché intérieur. Autre chose. Pour la petite histoire, la Modus est moins française qu'espagnole. Elle sera, en effet, produite sur le site de l'usine de Valladolid qui, dit-on, est une des usines Renault les plus productives. Mais, pour les acheteurs potentiels, pas de craintes à se faire. Que l'on soit en France ou en Espagne, on est en Europe n'est-ce pas ? Et les normes de construction industrielles imposées sur le vieux continent sont dantesques...
