Les fonds transférés par les travailleurs expatriés constituent une manne que les banques et les bailleurs de fonds désirent canaliser. Transitant majoritairement via des canaux informels, ces flux pourraient pourtant contribuer à financer des projets de développement dans différents pays d'Afrique. Plusieurs initiatives ont été entreprises dans ce sens, d'autant que la manne a de quoi attiser les convoitises. Selon les estimations de la Banque mondiale, les transferts vers l'Afrique atteignent 40 milliards de dollars par an. La dernière initiative de ce genre est celle de la BM qui a entrepris, avec l'Union africaine, de créer une base de données en ligne afin d'«accroître la transparence des prix et encourager la concurrence entre les prestataires de services» de transfert. Selon l'institution de Bretton Woods, ce nouveau service, dénommé Send Money Africa, permettra aux travailleurs migrants «de comparer les tarifs pratiqués par les prestataires de services d'envoi de fonds pour traænsférer un montant donné dans un pays donné». Selon les études menées par la Banque mondiale, une réduction des frais d'envoi de l'ordre de cinq points de pourcentage par rapport au montant total devrait se traduire par un gain de 16 milliards de dollars supplémentaires par an pour les destinataires dans les pays en voie de développement. Il s'agit également de collecter des informations sur les différentes méthodes de transfert de fonds, le montant effectif reçu en monnaie nationale, les délais de transfert, les endroits où l'argent peut être collecté, les taux de changes appliqués à la transaction, etc. Et d'ajouter que cette transparence fera naître une concurrence entre les prestataires de services, laquelle poussera les prix vers le bas. Send Money Africa fournit des données sur le coût de l'envoi et de la réception de faibles montants en provenance de 15 grands pays expéditeurs à destination de 27 pays africains. Les organismes d'envoi de fonds, à l'image de Western Union et Money Gram, qui permettent d'effectuer des transferts de manière instantanée, commercialisent des services très coûteux. Selon les données de l'institution de Bretton Woods, «le coût moyen du transfert d'argent vers l'Afrique dépasse 12% du montant transféré, contre une moyenne mondiale de 9%». Selon d'autres données récoltées auprès des établissements spécialisés, ce coût peut atteindre, selon les montants et la destination, parfois 25% du montant envoyé pour un plafond de transfert de 3900 euros. Des tarifs qui dissuadent très vite beaucoup de migrants, lesquels n'hésitent pas à recourir aux réseaux informels. Pour le cas particulier de l'Algérie qui attire 84% des flux en provenance de France, la majorité, sinon la totalité des transferts, transite par l'informel. Afin de canaliser un tant soit peu tous ces flux, la banque française Société Générale a mis en place un service e-transfert qui permet d'envoyer de l'argent de compte à compte en pas plus de 48 heures pour un coût de 10 euros par transfert. La banque française consolide également un réseau susceptible de canaliser les transferts et les investissements immobiliers des migrants dans leurs pays d'origine. Et elle n'est pas la seule à pister ces flux. En 2009, la Banque africaine de développement (BAD) a constitué, autour de 10 établissements financiers, un comité présidé par le groupe français Caisse d'épargne dans l'objectif de faciliter les transferts de fonds par les travailleurs migrants vers leurs pays d'origine.