Les transferts des migrants du Maghreb attisent les convoitises des banques françaises. Ainsi, le quotidien économique français ""Les Echos" s'est penché dans sa livraison de mardi, sur les ambitions des établissements financiers de l'Hexagone en Afrique du Nord qui canalise, faut-il le signaler, près de 10 milliards d'euros de transferts annuellement. Sous le titre "Flux internationaux: un enjeu de taille pour les banques françaises", le journal relève que l'Afrique du Nord constitue depuis quelques années une "zone stratégique", pour le développement international de ces établissements, présents aussi bien au Maroc, en Algérie, en Tunisie et en Egypte. Selon Les Echos, l'enjeu de cette présence est double car "il s'agit d'accompagner les populations étrangères résidant en France et capter le marché des transferts de fonds en direction de leurs pays d'origine". En 2008, les transferts de fonds en provenance de France se sont élevés, par exemple, à 4,7 milliards d'euros en direction du Maroc, 1,5 milliard pour l'Algérie et 1,3 milliard pour la Tunisie, soit respectivement 9%, 1,6% et 4,9% de leur produit national brut, fait remarquer le journal. De quoi susciter bien des ambitions. Ainsi, dans le cadre du projet de création d'un instrument de financement de projets de développement en Méditerranée, dix établissements financiers, rejoints par la Banque africaine de développement (BAD), se sont constitués en comité présidé par la Caisse d'épargne française, lequel prévoit de mettre en place un mécanisme visant à faciliter les transferts d'argent des migrants de leurs pays d'accueil vers leurs pays d'origine. Cette offre vise 3,5 millions de personnes (dont 2,5 millions en France) et porte sur un flux de transferts estimé à 10 milliards d'euros. Concrètement, une nouvelle plateforme permettra aux migrants désirant transférer de l'argent d'un pays à un autre de bénéficier de l'ensemble des réseaux des banques participantes, soit environ 34 000 points de contact. Par ailleurs, la banque française Société générale consolide un réseau susceptible de canaliser les transferts et les investissements immobiliers des migrants dans leurs pays d'origine. Et plusieurs banques leur emboîtent le pas. Cette tendance s'explique également, selon " Les Echos ", par le souci des groupes français de "déployer sur place le modèle de banque universelle à travers la banque de détail mais aussi des services de banque privée, crédit à la consommation ou banque de financement et d'investissement". Parmi les populations visées figurent ainsi les étudiants poursuivant leurs études en France (ouverture de compte, délivrance de caution bancaire de loyer etc.) et les seniors français désireux de s'installer au Maroc pour leur retraite (services immobiliers). "Les Echos" fait observer toutefois que dans les pays où le taux de bancarisation est très disparate (variant de 5 à 50% selon que l'on est en milieu urbain ou rural), les banques françaises se trouvent directement en concurrence avec les sociétés de transfert de fonds qui, grâce à la directive européenne pour les services de paiement, peuvent désormais offrir une palette élargie de services. Selon le journal, la crise économique a toutefois obligé les banques françaises à revoir leurs ambitions à la baisse. La Banque mondiale prévoit pour 2009 une baisse de 7,3% des fonds à destination des pays en développement, à 305 milliards de dollars, contre 328 milliards de dollars en 2008. Les montants en restent malgré tout colossaux, estime le journal, précisant que 22 milliards d'euros devraient être transférés vers l'Afrique du Nord en 2009. "La concurrence ne devrait donc pas faiblir entre les différents acteurs pour tenter d'accaparer une part de cette manne", conclut le quotidien.