Les troubles qui ont secoué, la semaine passée, la ville de Tindouf, une première dans l'histoire de cette paisible contrée, n'ont pas manqué, comme il fallait s'y attendre, de faire les gorges chaudes d'une presse marocaine pour qui l'occasion était trop belle pour être ratée. Réagissant à ces écrits, des personnalités, des cadres et des élus de la wilaya de Tindouf ont, lors d'une rencontre exceptionnelle ce samedi, tenu à remettre les pendules à l'heure. Dans un communiqué se voulant une mise au point après les troubles, les représentants de la wilaya dénoncent, en premier lieu, l'ingérence des médias marocains et leur interprétation insidieuse des faits. Ces derniers, pour rappel, ont traduit les récents troubles comme une réaction populaire face à la politique prônée par l'Etat algérien envers les habitants de cette région. « Les médias du royaume marocain ont exploité ces évènements dans une propagande politicienne visant à attiser les feux de la discorde et menaçant l'unité nationale », peut-on lire dans le communiqué. Cependant, au-delà de cette réaction, les signataires du communiqué ont, surtout, rappelé les causes, maintes fois signalées, d'un malaise qui ne pouvait que mener à l'explosion et aux incidents « fort regrettables » qu'a vécus la ville de Tindouf. « Des incidents perpétrés par une jeunesse mécontente que la contrebande et le trafic de drogue a placée dans une situation de pression, jamais connue auparavant, et que la politique de marginalisation exagérée menée par certains commis de l'Etat a poussé à l'éclatement », explique-t-on dans le communiqué. Les habitants attendent beaucoup du programme de développement qui lui est consacrée. « Nous espérons que ces évènements serviront de leçon dans un avenir proche qui exige de toutes les parties concernées par l'application du programme de développement dans cette région stratégique d'opérer dans le respect des spécificités sociales, culturelles et religieuses qui sont un des facteurs de notre unité sociale et d'œuvrer pour le renforcement de notre sécurité et le retour de la stabilité »,souhaitent les représentants de la société civile. Ils dénoncent les différents dépassements enregistrés à l'encontre de la population et de ses élus et exigent qu'il soit mis un terme à ce genre de comportements et à la politique de marginalisation dont sont victimes les enfants de la région. Une cellule de crise a été mise sur pied pour prendre langue avec les jeunes et tenter de calmer les esprits. « On craint un dérapage de la situation qui pourrait entraîner de lourdes conséquences pour la région et ses habitants », dit-on.