En matière de recettes fiscales, les 12 communes de la wilaya de Annaba auraient pu prétendre à mieux dans leurs caisses grâce à l'existence de plus de 21 600 commerçants dont 799 en gros, 6963 prestataires de services et 483 importateurs, tous en activité et inscrits au registre du commerce au cours de l'année 2005. Ce nombre est le deuxième en importance dans les régions nord-est du pays après celui de Skikda avec 23 163. A Annaba, dans le lot, il y a 9893 commerces au détail. La plupart, particulièrement ceux de la commune chef-lieu de wilaya, se soucient peu ou prou du contrôle des services du commerce. D'où cette tendance à vendre de tout, y compris les produits alimentaires périmés, sans ou avec une traçabilité douteuse, les viandes avariées, les insecticides interdits, et les cosmétiques à risque... Courant 2005, la situation du marché local du détail s'est franchement détériorée. Les produits locaux ont disparu. Ils ont été remplacés par ceux d'importation, y compris l'oignon et le concentré de tomate en provenance de Tunisie. Que ce soit sur le marché de gros de l'alimentation générale, des fruits et légumes, de la pièce de rechange automobile ou de l'électroménager, rares sont les commerçants à établir des factures. La rue Ibn Khaldoun, le Cours de la Révolution, la Plaine Ouest, Kouba, Emir Abdelkader et le marché couvert sont quotidiennement bloqués par des commerces licites et illicites. Dans les artères principales ou les cités de la grande agglomération de la commune chef-lieu de wilaya avec ses 300 000 habitants et ses milliers de transitaires/jour en provenance des communes ou régions limitrophes, la vie est grouillante d'activité. Du côté du rond-point El Hattab, la chaussée est devenue le souk le plus populaire de la wilaya. Un mélange de bric-à-brac où les sous-vêtements voisinent avec les marchandises made in et le chocolat de qualité douteuse. Cela ne paraît pas offusquer les clients et les policiers en faction. Tout se fait comme si les institutions de l'Etat étaient absentes. Alors que les recettes fiscales communales stagnent et régressent même les commerces se multiplient tout autant que les nouveaux riches. Les activités du commerce parallèle ont stimulé l'accélération de la demande intérieure, principalement due à la consommation des ménages. Ce commerce fausse totalement les indicateurs économiques locaux. Ils sont d'autant plus faussés en ce sens que la majorité des 483 importateurs règlent leurs transactions via les devises issues de l'échange parallèle. Ils ont à leur disposition des cambistes de la rue El Qods, à quelques dizaines de mètres d'un commissariat de police. Dans cette rue, l'on ne se cache plus pour exhiber et proposer des millions en monnaie étrangère appelés à être transférer vers la Tunisie ou un quelconque pays d'Europe. « Le marché parallèle de la devise nous permet de contourner le contrôle fiscal, de payer rapidement nos fournisseurs étrangers et de verser des prébendes, pour service rendu, à ceux qui ferment l'œil lors de la vérification des containers en provenance de l'étranger. Dans notre pays, les impôts sont trop gourmands au point où nous sommes contraints de faire dans l'illicite pour activer. Etre honnête vis-à-vis du fisc équivaut à fermer boutique », admet un importateur d'équipements électroménagers.