Les services de la wilaya d'Alger ont récupéré des parcelles de terrain où étaient érigés des bidonvilles. L'un des plus importants sites est situé à Doudou Mokhtar (Hydra). Cette opération a fait des mécontents : les membres de la coopérative El Amir protestent contre la disparition de leur assiette où avaient été érigées illégalement des baraques. «La wilaya, qui a décidé de clôturer le site, n'a pas pris en compte notre cas. Nous sommes propriétaires d'une assiette de terrain sur le site démoli après l'évacuation des indus occupants», révèle M. Seoudi, président de la coopérative El Amir, interdit d'accès au site par décision du wali. Les membres de la coopérative El Amir assurent détenir tous les documents nécessaires leur conférant le titre de propriétaires. «Nous sommes propriétaires, depuis 1999, du terrain d'une superficie de 6000 m2 situé sur le haut site de Hydra, chemin Doudou Mokhtar, en vertu d'un acte authentique délivré le 27 juillet 1999. Nous sommes également en possession d'un livret foncier qui nous confère le titre de propriétaires exclusifs de ce terrain, délivré le 26 juillet et publié à la même date auprès de la conservation foncière de Bir Mourad Raïs», relèvent les coopérateurs. Des démarches ont été entreprises pour lotir la parcelle. «Les propriétaires ont introduit une demande de permis de lotir auprès de l'APC de Hydra en avril 2000, dans le cadre des procédures légales et réglementaires. Aucune suite, ni positive ni négative, ne nous a été donnée à ce jour, malgré les multiples rappels que nous avons adressés, entre 2000 et 2010, aux différentes autorités compétentes (APC de Hydra, wali d'Alger, wali délégué, DUCH)», signale M. Seoudi. Les services de la wilaya d'Alger et de l'APC de Hydra se sont manifestés en interdisant aux propriétaires d'entamer les travaux, mais, entre temps, des indus occupants squattent la parcelle. «En 2005, des indus occupants ont squatté un terrain pour y construire en toute impunité des baraques. Alertés par les propriétaires, le wali délégué et le président de l'APC de l'époque se sont déplacés sur les lieux et ont procédé, avec le concours des services de la Sûreté nationale, à la destruction de ces baraques. Malheureusement, quelque temps après, d'autres constructions anarchiques ont envahi la totalité de ce terrain, sous le silence total des autorités administratives concernées», se désolent les coopérateurs. Evacuation du site Doudou Mokhtar En 2011, après l'évacuation des indus occupants suite à une opération de relogement, les propriétaires n'ont pu obtenir l'autorisation de la wilaya de clôturer leur terrain. Mais à leur grande surprise, ils ont vu cette même administration procéder à l'installation d'un poste de la garde communale, après clôture du site, pour entamer une opération de plantation d'arbres de manière anarchique. «Dans leur fuite en avant, les services de la wilaya d'Alger, sur instruction verbale du wali, ont interdit aux propriétaires l'accès à leur propriété. Les gardes communaux ont reçu l'ordre de veiller à l'application stricte de cette interdiction par tous les moyens, y compris par l'usage de la force», signale M. Seoudi.Les coopérateurs dénoncent cette «voie de fait» et décident de recourir à la justice, qui s'est rangée de leur côté. «L'arrêté du tribunal administratif a condamné l'APC de Hydra et la wilaya d'Alger, leur demandant d'arrêter immédiatement ces travaux sur le terrain appartenant à la coopérative El Amir. Décision de justice qui s'est vu confrontée à un refus total d'exécution. La même juridiction a rendu sa décision sur le fond. Cette fois-ci en ordonnant à la wilaya d'Alger et à l'APC de Hydra l'évacuation des lieux ainsi que tous occupants, en les condamnant, en même temps, au paiement de dommages et intérêts aux propriétaires. Cette décision s'est heurtée au refus total de l'APC de Hydra et de la wilaya, comme le démontre le PV de refus établi par l'huissier de justice», relèvent les coopérateurs. Et de poursuivre : «De quel droit une autorité administrative, fut-elle la wilaya d'Alger, interdit aux citoyens d'accéder à leur propriété au motif qu'elle aurait reçu des instructions venues d'en haut ? Si c'est le cas – et nous doutons fort qu'il le soit – la justice est au-dessus de tous.» A l'APC de Hydra, on signale que la parcelle de terrain réclamée par les coopérateurs d'El Amir est un terrain domanial. «Le problème de cette assiette et de quatre autres coopératives situées dans la commune de Hydra est du ressort de la présidence de la République et de la wilaya. L'APC ne peut s'y immiscer», s'est contenté de nous répondre un élu de l'APC de Hydra qui a voulu garder l'anonymat. Et d'ajouter : «Le plan d'occupation du sol (POS -U117) a été refait et il est aujourd'hui impossible d'y ériger des constructions individuelles comme le souhaitent les protestataires. Le permis n'a pas été donné aux concernés pour cette simple raison.» Les coopérants rejettent cette version et parlent d'une volonté de faire main basse sur le terrain qui leur appartient, comme l'attestent les documents administratifs en leur possession. «Des gens veulent accaparer l'assiette et ne veulent pas résoudre ce problème pris en charge en haut lieu», s'indigne M. Seoudi.