Pour la première fois de son histoire, la wilaya de Ouargla s'apprête à découvrir ses vraies potentialités touristiques sous un autre jour. Son schéma directeur d'aménagement touristique qui sera présenté ce matin (mercredi) en plénière au siège de la wilaya marquera-t-il une rupture avec la vision simpliste du passé ? Oeuvrant dans un esprit prospectif, c'est un cadre de référence que l'administration veut établir pour les deux prochaines décennies. La direction du tourisme a retenu trois phases pour l'étude en cours, à savoir le diagnostic opérationnel de la situation, une présentation de scenarii, et, enfin, la stratégie à retenir. C'est donc une première dans un secteur qui se contentait de recenser les sites touristiques voués à l'abandon faute d'une image marketing propre et identifier des artisans qui peinaient à trouver des débouchés commerciaux faute d'accompagnement. Anticiper, accompagner, gérer les incertitudes, se doter d'un outil prospectif basé sur des études prévisionnelles et sectorielles, tels sont les maîtres mots de cette nouvelle stratégie qui met le doigt sur les faiblesses et valorise les points forts d'une wilaya qui vit à l'ombre des pipelines. Au-delà du développement de l'attractivité de la région et la mise à contribution des acteurs locaux, l'objectif est donc d'affirmer une identité touristique dynamique en termes d'image et de notoriété dans le cadre d'un schéma directeur clair et ciblé érigé en outil d'aménagement local et décliné en un plan d'action opérationnel. Mais quels sont donc ces atouts tant évoqués et qui semblent évanouis dans la nature ? La profusion d'éléments est déconcertante quand on sait que les touristes étrangers et nationaux ne font que passer par Ouargla pour regagner soit Ghardaïa soit El Oued et que même les éminentes manifestations scientifiques ou autres sont vite transférées dans l'une ou l'autre wilayas voisines pour la distraction touristique. La wilaya de Ouargla recèle pourtant une grande variété de paysages sahariens et oasiens, une importante faune et flore, des zones humides classées, un patrimoine culturel et cultuel et des arts populaires très intéressants, de l'artisanat, un folklore, des chants et des danses mondialement connus, un art culinaire non encore sondé ainsi que de nombreuses fêtes païennes et religieuses. La lecture du rapport de diagnostic laisse entrevoir une vocation privilégiée pour le tourisme saharien tout en laissant la porte ouverte à des vocations secondaires qui accompagneraient les tendances du pôle d'excellence pétrolier et d'énergies renouvelables décrété par le schéma national d'aménagement du territoire SNAT à l'horizon 2030. Le SNAT imposera entre autres des filières de tourisme sportif, de détente et de loisirs, d'aventure, du tourisme scientifique, cynégétique, l'éco-tourisme, l'agrotourisme, le tourisme de soins et de santé etc. Que de perspectives pour une wilaya qui n'espérait même pas un petit circuit touristique local il y a quelques mois ! Ainsi, ceux qui connaissent la région verront défiler des images évidentes ou une vision en bloc de ksour (la wilaya en compte 18 !), mosquées, mausolées, marabouts et zaouïas. Les sites archéologiques, la vie oasienne, les points d'eau et la confluence de plusieurs oueds souterrains millénaires marquent aussi les esprits, les eaux géothermales émergeantes non exploitées à ce jour (20 sources thermales à travers la wilaya, alors que tout le monde se rabat sur Zelfana à 130 km !), les bains de sable, le trekking, la montgolfière, le ski sur sable, le raid aérien ULM : un tourisme de rêve pour un Ouargla affaiblit par une image de soi très réductrice. Reste aussi le lot de faiblesses qui semblent moins insurmontables à présent dans cette wilaya où la fatalité du pétrole reste le frein principal à tout développement durable puisque les 2/3 de sa superficie sont occupés par des champs pétroliers, les aléas climatiques, un facteur humain peu impliqué dans le tourisme, une hôtellerie très peu développée, obsolète et concentrée à Ouargla ville, diverses pollutions (bruit, ordures, rejets d'eaux usées), incompétence des acteurs de mise en œuvre du tourisme y compris les agences touristiques, restaurateurs et autres, et enfin l'absence, voire le mépris de la notion de terroir et de gastronomie locale reléguée à des manifestations purement folkloriques de l'identité locale.