Les habitants de la cité Belle Vue, à Aïn Benian, ont fermé mardi dernier la RN11, pour protester contre leur exclusion de l'opération de relogement «dont ont bénéficié des personnes étrangères à la commune». Vive tension, hier encore, à Belle Vue Aïn Benian, après les incidents de la veille : des affrontements ont opposé, mardi après-midi, des résidants de la cité aux policiers, qui supervisaient l'opération de relogement de familles venues de la Carrière Jobert et Oued Korich. Les habitants de la cité Belle Vue ont coupé la RN11. Pas question pour eux d'accepter de nouveaux résidants. «Nous sommes prioritaires. Des logements sortent de terre et aucun de nous n'en a bénéficié. Les autorités ont cru leurrer les gens en ramenant des habitants à 3 heures du matin. Les familles de la Carrière ne s'attendaient pas à un tel accueil. Les jeunes ont caillaissé les bus qui ont été obligés de rebrousser chemin», signale un résident de la Cité évolutive, une cité-bidonville, cachée par les nouvelles barres d'immeubles qui devaient accueillir les résidants de la Carrière Jobert. Les habitants affirment n'avoir jamais bénéficié d'un quota de logements. «Des logements sont construits pourtant à Guyotville (ancienne appelation de Aïn Benian), sur le territoire même de la commune, mais aucune famille n'a été relogée à Belle Vue. Notre cité, construite par de Gaulle (dans le cadre du Plan de Constantine), s'est dégradée. Aménagée à l'origine pour les ouvriers des chantiers, elle devait être démolie au bout d'une dizaine d'années seulement après l'indépendance. La centaine d'appartements accueillent aujourd'hui plus de trois cents familles, qui vivent comme elles peuvent dans des cagibis infects», se plaint un trentenaire qui vit avec ses deux frères mariés et trois sœurs dans un F1, qui ressemble plus à un «débarras». «Il y a jusqu'à trois familles dans un semblant d'appartement exigu. Le couloir est rattaché à la maison et le salon est transformé en chambre à coucher. Qui peut s'accommoder de cette situation ? Les jeunes ne dorment presque plus chez eux. Notre cité doit être rasée et ses occupants vite relogés dans des appartements décents», suggère un résidant. L'APC de Aïn Benian semble dépassée par les événements. «La cité a été classée par les services du CTC dans la catégorie Oranger 4, les familles auraient dû logiquement être relogées depuis longtemps. Notre commune accueille actuellement quelque 12 000 nouveaux logements. Un quota pourrait bien être réservé, comme nous le souhaitons, aux gens de Aïn Benian, mais il n'en est rien malheureusement», se désole Benchaker, élu RND à l'APC de Aïn Benian. Et de poursuivre : «L'assemblée dirigée par une alliance hétéroclite de partis (FLN-RCD-FFS) n'a pas pu répondre aux besoins de la population locale. Le dernier quota de logements sociaux remonte à 2008. Les 100 logements sont insuffisants vu l'importante des demandes. Nous laissons s'entasser plus 2000 dossiers. La commune abrite, selon le recensement arrêté à 2007, quelque 3000 habitations précaires, plus particulièrement à Deffous 1 et 2. L'opération de débidonvillisation n'a pas touché la commune.»