C'est au Théâtre de Tizi Ouzou qu'est revenu l'honneur d'inaugurer la compétition comptant pour la troisième édition du Festival culturel national du théâtre amazigh, qui a débuté dimanche dernier à Batna. La troupe amateur Itran, qui a présenté Tileli d'Muhand n'est peut-être pas arrivée à convaincre les quelques spectateurs (une trentaine environ) venus assister à la représentation — certainement en raison de l'horaire (14h) —, mais elle est parvenue à révéler le talent de deux comédiens : Khaled Boukhenoufa et Mahdi Alleg. A eux deux, ils ont su donner le rythme nécessaire qui a permis de retenir l'attention des spectateurs. Deux comédiens qui méritent des encouragements et pourquoi pas une meilleure prise en charge. En soirée, c'était au tour de la troupe professionnelle du Théâtre régional de Tizi Ouzou qui a retenu en haleine une salle archicomble presque deux heures durant avec la pièce Touaghit el Moumnine, une pièce écrite par Fouzia Aït El Hadj, mise en scène par Brahim Chergui, assisté de Boualem Makour. Le sujet traité : la santé, un thème d'actualité par excellence. Nous sommes dans une salle de soins, où, en l'absence du médecin occupé pour arrondir ses fins de mois chez le privé, et de l'infirmière retenue par un hypothétique bouchon de la circulation, la femme de ménage est obligée de les remplacer et du coup les prestations sanitaires tournent à la dérision. La salle de soins est transformée en une salle de torture. Le malade, centre d'intérêt des services hospitaliers, en sollicitant des soins, semble aller au purgatoire. Ainsi donc, le système de santé est décortiqué et présenté par des situations ubuesques, une sorte d'opéra bouffe. La musique rappelant sciemment le cinéma muet de Charlie Chaplin et une chorégraphie illustrant l'adage «Ed'deb rakeb moulah», (La monture enfourchant le cavalier) reflète on ne peut mieux l'état de déliquescence de nos hôpitaux. N'était la rupture brechtienne opérée par les comédiens juste avant la fin de la représentation, les spectateurs auraient eu du mal à comprendre que le rôle de la femme de ménage était interprété par un homme. Kamel Abdat, est le nom à retenir de ce début du festival qui présage d'un bon millésime de comédiens.