C'est la première fois qu'un festival de théâtre amazigh professionnel est organisé. La journée de jeudi 7 mai 2009 restera gravée dans l'histoire de l'amazighité comme étant celle où a été délivré officiellement l'acte de naissance du théâtre professionnel d'expression amazighe. L'annonce, jeudi, lors de la cérémonie d'ouverture des premières journées maghrébines du théâtre d'expression amazighe, de l'institutionnalisation de cette manifestation, constitue un gage de réussite. Il ne faut pas omettre de rappeler que c'est la première fois qu'un festival de théâtre amazigh professionnel est organisé. L'Etat n'a pas lésiné sur les moyens pour garantir le succès de cette manifestation. L'ensemble des conditions matérielles et humaines ont été rassemblées. Tous les spectacles sont filmés par une équipe de télévision afin de pouvoir diffuser les pièces théâtrales sur la chaîne berbère de l'Entv. D'ailleurs, son directeur était présent jeudi dans la grande salle de spectacles au moment de la présentation de la pièce Sinistré de Mohia. Les organisateurs ont été surpris devant l'affluence record constatée en ce premier jour. La salle était tout simplement archicomble. Pourtant, Tizi Ouzou n'est pas une région où la culture du théâtre est ancrée dans les moeurs de ses habitants. Toutefois, le public s'est montré si discipliné que l'on se serait cru dans une salle de théâtre d'outre-mer. Les premières journées, dont le succès était palpable dès la première heure, ne sont qu'un premier jalon car le festival ambitionne de devenir plus grandiose, selon les dires de M.Messaoud Belbaz, metteur en scène, chargé du département technique au théâtre régional de Tizi Ouzou et manager principal du festival. Selon ce responsable, cette première édition leur permettra de réunir le maximum d'éléments afin de pouvoir mieux appréhender les prochaines. De son côté, Fouzia Aït El Hadj explique: «Le théâtre régional de Tizi Ouzou Kateb-Yacine, carrefour de culture, oeuvre à la concrétisation des aspirations et des attentes du citoyen maghrébin, en adéquation avec la vision moderne que propose le ministère de la Culture, soit le développement du théâtre, en général, et du théâtre d'expression amazighe, en particulier. Le théâtre régional de Tizi Ouzou tente de par ses diverses productions et manifestations culturelles de rayonner à travers le territoire national et international.» Le festival de Tizi Ouzou a été aussi l'occasion de révéler des talents dans le domaine théâtral dont la palme, du moins pour les deux premières journées, revient incontestablement à Samy Allam. Celui-ci a interprété de manière magistrale le rôle, du reste très difficile, de Sinistre. D'autres comédiens ont aussi fait preuve de capacités énormes. On peut citer, entre autres, Boualem Makour, Soraya Bessadi, Toufik Kaoudji, Hocine Aït Guenissaïd et Mohamed El Hocine Ouarab. La journée du jeudi a été marquée par la présentation de Ulac el harga ulac de la troupe théâtrale Hamid Bentayeb de la Maison de jeunes d'Iferhounène. Bien que n'étant pas du domaine professionnel, cette pièce n'a pas du tout ennuyé le public. Bien au contraire, ce dernier avait tout l'air de «déguster» chaque séquence de cette production mise en scène par Abderrahmane Houche. Plusieurs conférences sont au menu du festival. Et ce qui est enrichissant à plus d'un titre, c'est le fait que les internautes soient venus de différents horizons géographiques et linguistiques: de Saïd Chemakh (tamazight) à Bouziane Ben Achour (français) en passant par Khalid Bouichou (arabe) et tant d'autres. Les premières journées maghrébines du théâtre d'expression amazighe de Tizi Ouzou se poursuivent jusqu'au 12 mai.