En hommage à Abdellah Mohia, dit Muhend U Yahia, poète et dramaturge, des activités culturelles ont repris une large place sur la scène depuis la semaine écoulée à Tizi Ouzou. Après la réfection à neuf du théâtre Kateb Yacine, ce dernier ainsi que la maison de la culture Mouloud Mammeri connaissent des animations diverses qu'une population, majoritairement juvénile, n'hésite pas à suivre, même lorsqu'elles sont programmées tardivement en ces courtes journées de l'équinoxe d'hiver. Pour satisfaire une population avide de culture, les animateurs de ces établissements n'hésitent pas à programmer des activités en parallèle au sein des deux structures : gala artistique par-ci, pièce théâtrale par-là. Une façon de permettre au public d'avoir son choix de loisirs, d'échanges avec l'autre, de porter son regard sur l'extérieur, avantages que seule la scène avec ses comédiens est capable d'offrir, de montrer, avec en plus la raillerie, le rire, la satire… Chaque semaine, un programme, un hommage, une évocation ou autre manifestation pour tous les goûts. Karim Abranis mettra la foule en délire, le temps d'une après-midi, la semaine dernière, à la grande salle de la maison de la culture, pleine à craquer, avec son nouvel album, puis Samy Allam, du Théâtre régional de Béjaïa, présentant le monologue Urgagh mmutegh (J'ai rêvé que j'étais mort), une adaptation par Mohia de la pièce de Molière, Le malade imaginaire. Pendant ce temps, du côté du théâtre Kateb Yacine, des pièces se succèdent. Des comédiens de talent, venus du Théâtre régional d'El Eulma (Sétif) présentaient, en soirée, la pièce Raya n tmachint (La voie ferrée, ou les rails) en tamazight, traduction et adaptation d'un récit de l'écrivain russe Antoine Tchekhov, par Fouzia Aït El Hadj, la dramaturge bien connue. La pièce a été jouée dans plusieurs parlers amazighs (chaoui, targui, kabyle…), grâce à la traduction de Mahfoud Berkane, le metteur en scène. L'objectif visait clairement à militer, par le théâtre, pour l'intercompréhension dans la langue amazighe et tous les parlers algériens. La soirée du lendemain était réservée au théâtre régional Azzedine Medjoubi de Annaba, pour présenter, dans le cadre de «Tlemcen, capitale de la culture islamique 2011», sa pièce La fête du printemps, écrite par Abdelkrim Belharzem et mise en scène par Gouri Abdelkrim. L'histoire se déroule dans un village imaginaire, où les habitants, attachés en partie à leur zaouïa et à leur imam non voyant, finiront par se laisser berner par un «étranger» qu'ils crurent, après leur avoir fait «miroiter» une vie faste s'ils détruisaient leur zaouïa pour y réaliser des édifices touristiques à même de développer le village. La raison reprend le-dessus avant de chasser «l'étranger» et retrouver le bonheur de l'amitié, de la fraternité, de l'amour…