L'agence Fitch a ainsi placé sous surveillance négative l'Espagne, l'Italie, la Belgique, la Slovénie, Chypre et l'Irlande. Les dirigeants de la zone euro peinent à trouver une issue à la crise de la dette des Etats qui a intoxiqué les finances des pays du vieux continent. Du coup, les trois grandes agences de notation mettent davantage de pression. Vendredi dernier, c'était au tour de l'agence de notation financière Fitch Ratings de menacer les notes des dettes souveraines de plusieurs pays. L'agence Fitch a ainsi placé sous surveillance négative l'Espagne, l'Italie, la Belgique, la Slovénie, Chypre et l'Irlande. Cela signifie qu'elle pourrait baisser la note de ces Etats d'un à deux crans d'ici la fin janvier 2012, indiquait l'agence. Pour le moment, l'Espagne est notée AA-, l'Italie A+, la Belgique AA+, l'Irlande BBB+, la Slovénie AA-, et Chypre BBB. Emboîtant le pas à ses homologues Moody's et Standard & Poor's, elle a également placé sous perspective négative celle de la France, tout en maintenant la note «AAA», soit la meilleure possible. Une perte du triple A, qui pourrait intervenir d'ici deux ans, serait catastrophique pour la France. «Une solution globale à la crise de la zone euro est techniquement et politiquement hors de portée» malgré les décisions annoncées lors du sommet de Bruxelles, avait expliqué l'agence Fitch dans un communiqué. Pour sa part, l'agence Moody's a accablé la Belgique, en décidant d'abaisser sa note de deux crans, à «Aa3», invoquant la détérioration des conditions de financement pour les Etats de la zone euro, les risques pour la croissance de l'économie belge et le coût budgétaire que pourrait avoir le sauvetage de banques. Moody's prévoit par ailleurs de revoir les notes des pays de la zone euro et de l'Union européenne au premier trimestre 2012. Quelques jours avant le sommet européen du 9 décembre, Standard & Poor's a placé 15 de ses 17 membres sous surveillance négative, menaçant le fameux triple A (meilleure note possible) des deux principaux pays de l'Union monétaire, la France et l'Allemagne. Si l'agence Fitch a jugé positif l'engagement des dirigeants de l'UE pris à Bruxelles d'accélérer la création du Mécanisme européen de stabilité (MES), elle s'est montrée en revanche inquiète de l'absence de filet de sécurité financière «crédible». L'agence Fitch a réclamé une implication plus accrue de la Banque centrale européenne, gardienne de la monnaie unique, afin d'atténuer le risque d'une crise des liquidités pour des Etats solvables, mais potentiellement vulnérables en raison du manque de trésorerie. Ballottant de sommet en sommet, les pays de l'Union monétaire feraient bien de se préoccuper de leur croissance, a recommandé hier Jean-Michel Six, le chef économiste de Standard & Poor's. «Une stratégie de retour à la croissance, qui doit forcement contrebalancer le redressement des finances publiques, c'est vraiment les deux jambes sur lesquelles l'Europe doit arriver à marcher», a-t-il argué. Croulant sous le poids de la dette, les pays de la zone euro sont aussi sous la menace d'une éventuelle récession. Les trois agences sont catégoriques : la situation est inquiétante pour faire planer au-dessus de plusieurs pays la menace d'un abaissement très rapide de leurs notes.