L'agence de notation Standard & Poor's a abaissé d'un cran la note de l'Irlande, à "AA-". En cause, le coût du auvetage des banques plus élevé que prévu. L'agence de gestion de la dette irlandaise proteste. Les inquiétudes sur les dettes des Etats européens refont surface. L'agence de notation Standard & Poor's juge dorénavant la dette publique de l'Irlande plus risquée et a dégradé la note du pays d'un cran, de "AA" à "AA-" (la quatrième sur une échelle de 22). Pour ne rien arranger, l'agence a placé le pays sous "surveillance négative", laissant entendre qu'une nouvelle révision de la note n'était pas exclue à moyen terme. Plus que la capacité du gouvernement irlandais à réduire les déficits, c'est l'état de santé du système bancaire de l'île qui inquiète Standard & Poor's. La situation financière pire que prévue de certains établissements pèse sur les finances publiques. "Le coût budgétaire projeté du soutien par l'Etat irlandais du secteur financier du pays s'est considérablement accru par rapport à nos estimations initiales", écrit l'agence, qui soutient par ailleurs la stratégie irlandaise. Le 10 août, la Commission européenne a autorisé l'Etat irlandais à injecter en urgence 8,6 milliards d'euros dans le capital d'Anglo Irish Bank. Une somme qui pourrait être portée à 10 milliards. "Au vu de l'annonce récente de nouvelles injections dans le capital d'Anglo Irish Bank, nos dernières projections montrent que la dette publique de l'Irlande va augmenter à 113% du produit intérieur brut en 2012", a argumenté Standard & Poor's. "C'est largement au-dessus des niveaux projetés pour les pays qui bénéficient du même niveau de notation, comme la Belgique ou l'Espagne." L'Irlande a réagi vivement après la décision de Standard & Poor's. L'analyse de l'agence "repose pour une large part sur une estimation extrême du coût de la recapitalisation des banques de 50 milliards d'euros", a critiqué l'agence de gestion de la dette publique. "Nous estimons que cette approche est biaisée." Même si l'Irlande a quasiment bouclé son programme 2010 d'émissions d'emprunts à long terme, fixé à 20 milliards d'euros, la décision de S&P pourrait empêcher les banques irlandaises d'allonger la maturité de leur dette au cours des prochains mois, voire les priver de la garantie de l'Etat sur leur dette. Le premier test auquel les marchés soumettront l'Irlande aura lieu dès jeudi à l'occasion de l'adjudication de 400 à 600 millions d'euros de bons du Trésor, dans le cadre du programme habituel d'émissions à court terme. S&P a justifié mardi soir la baisse de la note de l'Irlande, ramenée à AA- et assortie d'une perspective négative, par la possibilité d'une forte augmentation du coût du soutien au secteur financier. La note attribuée à Dublin par S&P est désormais équivalente à celle de Fitch et se situe un échelon en dessous de celle de Moody's, ramenée à Aa2 le mois dernier. Standard & Poor's estime que l'Irlande devra débourser 90 milliards d'euros pour soutenir son système bancaire, soit 10 milliards de plus que dans son estimation précédente. Ce montant regroupe les capitaux injectés pour améliorer la solvabilité des établissements irlandais et les pertes subies sur les créances douteuses reprises aux banques par l'Etat. Le déficit budgétaire irlandais s'est envolé l'an dernier à 14% du produit intérieur brut, le ratio le plus élevé d'Europe, en raison notamment du coût du renflouement d'Anglo Irish, qui risque d'augmenter encore. La semaine dernière, le gouverneur de la banque centrale irlandaise a déclaré que la facture finale d'Anglo Irish pourrait atteindre 22 à 25 milliards d'euros mais qu'elle ne rendrait pas pour autant la dette publique ingérabl