Avec le renfort de Fitch, qui a fait peser des menaces, vendredi soir, sur les notes de la dette de plusieurs pays de la zone euro, les trois grandes agences de notation mettent désormais une pression maximale sur l'Europe, dont plusieurs pays avancent vers la récession. Les pays de l'Union monétaire européenne, qui naviguent de sommet en sommet pour tenter de résoudre la crise de la dette, sans réellement convaincre les marchés financiers, feraient bien de se préoccuper de leur croissance, a dit, hier, sur la radio française BFM Business, le chef-économiste de Standard & Poor's, Jean-Michel Six. Il mettra l'accent sur la nécessité de prendre en charge sérieusement les problèmes de croissance. «Une stratégie de retour à la croissance, qui doit forcément contrebalancer le redressement des finances publiques, c'est vraiment les deux jambes sur lesquelles l'Europe doit arriver à marcher», a déclaré Six. L'Italie, un des pays les plus exposés au feu du marché, en raison des craintes sur sa dette souveraine, a formellement adopté, vendredi soir à la Chambre des députés, le plan de rigueur du chef du gouvernement, Mario Monti, composé de mesures de réduction du déficit d'environ 20 milliards d'euros d'ici à 2014, et de mesures de relance de plus de 10 milliards. Les économistes n'écartent pas la possibilité d'une récession plus grave que celle prévue par les différents scenarii préétablis. Les trois agences de notation sont désormais d'accord pour estimer que la situation est suffisamment grave, pour faire planer au-dessus de plusieurs pays la menace d'un abaissement très rapide. Vendredi soir, Fitch a placé sous surveillance l'Espagne, l'Italie, la Belgique, la Slovénie, Chypre et l'Irlande. Cela signifie qu'elle pourrait baisser la note de ces Etats d'ici à la fin janvier. Quelques heures plus tard, Moody's a également accablé la Belgique en décidant d'abaisser sa note de deux crans, à AA3, ce qui maintient tout de même le royaume dans la catégorie des émetteurs de dette de bonne qualité. Le ministre des Finances belge, Steven Vanackeren, a reconnu que le pays allait devoir consentir des «efforts importants» pour, impérativement, réduire son déficit budgétaire à moins de 3% de son PIB en 2012, et éviter d'être à nouveau dégradé. Moody's prévoit, par ailleurs, de revoir les notes des pays de la zone euro et de l'UE au premier trimestre 2012. Quant à S&P, elle a placé 15 de ses 17 membres sous surveillance négative, menaçant le précieux triple A (meilleure note possible) des deux principaux pays de l'union monétaire, la France et l'Allemagne. R. E.