-La dynamisation de la Bourse est un sujet qu'on entend depuis des années. Ne sommes-nous pas en train de faire du surplace ? La dernière opération que nous avons réalisée est celle d'Alliance Assurances, une compagnie qui active dans un secteur réglementé et qui avait besoin de lever 1,4 milliard de dinars pour augmenter son capital social. C'est une opération qui a certes été réalisée sur 4 mois, mais elle a été un succès. Les investisseurs ont répondu positivement. Ils ont été plus 5000. Donc, on peut dire que le dispositif boursier tourne relativement correctement et il n'y a pas de risques majeurs. Sur ce plan-là, on est serein. Mais ce qu'on est en train de dire c'est qu'il faut passer à une vitesse supérieure. Il faut qu'on change de méthodes et qu'on s'aligne sur les pratiques internationales. C'est cela l'enjeu d'aujourd'hui. C'est comme cela qu'on pourra se préparer à recevoir des centaines d'entreprises. Nous avons en Algérie des entreprises éligibles qui vont se préparer dès que les conditions seront réunies, au moins une entreprise par mois. Cela passe par une mise à niveau et une réorganisation du système de fonctionnement, des services d'investissement et la définition d'un programme national d'émission. -Est-ce que ce n'est pas à l'Etat de donner l'exemple en introduisant les valeurs de quelques entreprises publiques ? C'est très juste, et cela a déjà été fait. L'Etat a déjà donné l'exemple en 1998-1999 avec des valeurs d'entreprises publiques cotées, mais ces entreprises n'ont ouvert leur capital qu'à 20% seulement, alors que l'Etat a conservé les 80% restants. Depuis, nous n'avons pas eu d'entreprises publiques, mais je pense que cette question est prise en charge dans le cadre de la réforme. L'Etat doit donner l'exemple. Avec cette réorganisation du marché financier, l'Etat va devoir mettre ses entreprises au niveau de la Bourse parce le gouvernement a défini une politique de partenariat qui est une politique active. Ce qu'on est en train de dire dans le cadre de la réforme c'est qu'au moment de la recherche de ces partenaires, Il faut trouver le moyen de s'arranger pour que les repreneurs acceptent que 20% ou 30% des actions de chaque société soient négociés dans la Bourse pour le compte des grands publics, des institutionnels. Ca c'est une démarche qui sera, je pense, explorée et exploitée. -Pourquoi n'y a-t-il pas aujourd'hui plus d'Alliance Assurances à la Bourse d'Alger ? Les entreprises soulèvent un certain nombre de contraintes, notamment concernant les investisseurs étrangers qui détiennent une partie de leur capital et qui veulent sortir. Ce qu'il faut savoir c'est que dans un marché financier, pour avoir des investisseurs étrangers ou autres, il faut leur assurer la sortie. Maintenant si ces étrangers veulent sortir du capital de l'entreprise, ils tombent sous le coup du droit de préemption de l'Etat. Nous avons dit qu'il serait opportun d'examiner cet aspect dans le cadre des procédures de la Bourse. La deuxième contrainte concerne les banques et les établissements financiers qui veulent ouvrir leur capital à travers la Bourse et qui ont besoin de l'accord préalable du Conseil de la monnaie et du crédit. On propose que ce dernier se limite à définir un seuil de 5% ou 10% qui impliquerait son accord et dans le cas où cette part serait inférieure, il ne serait pas nécessaire. Mais quand la part de l'investisseur augmente, c'est là que le CMC interviendra pour voir quelles sont les intentions de cet investisseur et pourquoi il veut augmenter sa part. La troisième contrainte pour les privés concerne la règle des 49/51 qui doit être favorisée par le biais de la Bourse. C'est-à-dire que quand un investisseur étranger vient en Algérie et qu'il est prêt à réaliser un projet et apporter 49%, ce serait bien que les 51% restants soient réalisés par le biais de la Bourse. Le quatrième point enfin concerne l'amélioration du régime fiscal envers les entreprises qui sont cotées en Bourse afin qu'il soit plus incitatif. Vous voyez qu'on est déjà en train de travailler sur des pistes et des propositions très concrètes et je suis convaincu que si on arrive à apporter des réponses sur le plan réglementaire et technique, notre marché boursier pourra se développer. -Qu'est-ce qui garantit que ça ne sera pas une énième réforme ? Non, ce n'est pas une énième réforme, c'est la seule et c'est la première fois qu'on en parle. Certes, elle a tardé un petit peu, et ça fait deux années qu'on en parle, mais aujourd'hui qu'on est en plein dedans, certains semblent dire qu'on est en train de reproduire les mêmes schémas. -Mais la réforme du secteur financier et bancaire remonte à des années … Justement, celle du marché du financier vient consolider les réformes bancaires et des établissements financiers, la mise en place du système de payement, la garantie du crédit. Le ministère des Finances estime que la réforme du marché financier vient au bon moment pour consolider ce qu'on a déjà fait. -Pour quand doit-on attendre à voir les résultats de cette réforme ? Les réformes sont des processus progressifs. On travaille sur une loi-cadre de modernisation qui permet la mise en œuvre progressive de cette réforme, mais je suis sûr qu'au fur et à mesure qu'on valide des solutions, on va commencer à les mettre en œuvre en 2012. Si ce n'est pas validé conjointement avec les pouvoirs publics, on ne peut pas les mettre en œuvre. Aujourd'hui, on a la liberté de faire des propositions et d'évoquer ouvertement tous les problèmes sans censure et sans tabou et c'est ainsi que nous pouvons relever les bonnes choses et les moins bonnes sur lesquelles il faudra construire.