L'opposition bahreïnie a appelé le gouvernement à entamer un «dialogue sérieux» pour mettre fin à la crise dans le royaume et a dénoncé la violente répression des manifestations chiites. A l'issue d'une réunion, dimanche, cinq groupes d'opposition, dont la principale formation chiite, Al Wefaq, se sont prononcés pour «l'ouverture d'un dialogue sérieux avec le régime pour sortir de la crise politique actuelle, et appliquer des réformes politiques et constitutionnelles radicales». Ils ont estimé que les conclusions du «dialogue national», boycotté cet été par l'opposition, ne constituent pas «une plate-forme adéquate pour une véritable réforme» dans le royaume dirigé par la dynastie sunnite des Al Khalifa. Ils ont par ailleurs «condamné la campagne de répression et de terrorisme menée par les forces de sécurité à l'égard des manifestants pacifiques», entre autres, les manifestations qui se sont produites à Boudaiya, près de Manama, au cours des quatre derniers jours. L'opposition a dénoncé également «l'utilisation par les forces de sécurité d'armes tranchantes, faisant un grand nombre de blessés parmi les manifestants qui ne se sont pas rendus à l'hôpital de peur d'être arrêtés». Les forces de sécurité bahreïnies ont dispersé dimanche quelques centaines de manifestants chiites qui se sont regroupés près de Manama pour le quatrième jour consécutif. Ces nouvelles manifestations interviennent alors que les autorités ont dit accepter les conclusions d'une commission d'enquête indépendante sur la répression des troubles et promis des réformes. Celle-ci a dénoncé le 23 novembre un «usage excessif et injustifié de la force» de la part des autorités durant la répression, précisant que 35 personnes dont 30 civils ont péri. Les chiites, majoritaires parmi la population du royaume dirigé par la dynastie sunnite des Al Khalifa, se plaignent de discrimination. L'oncle du roi Hamad, le prince Khalifa Ben Salman Al Khalifa, est Premier ministre depuis 40 ans. Pour réprimer les manifestants au Bahreïn, l'Arabie Saoudite a envoyé en mars plus de 1000 soldats à Manama. Les Emirats arabes unis y ont dépêché 500 policiers et le Koweït a mobilisé une unité maritime. Cet arsenal fait partie des forces communes d'intervention du Bouclier de la péninsule créé en 1984 par les monarchies du Conseil de coopération du Golfe (CCG), à savoir l'Arabie Saoudite, Bahreïn, les Emirats arabes unis, Koweït, Oman et Qatar.