Ce dialogue entre les représentants des familles politiques et de la société civile est encouragé par la communauté internationale, notamment par Washington. Bahreïn a entamé hier un dialogue national censé réformer, trois mois après le début de la contestation du régime, un système politique que l'opposition chiite veut faire évoluer vers une monarchie constitutionnelle. Ce dialogue entre les représentants des familles politiques et de la société civile est encouragé par la communauté internationale, notamment par Washington qui utilise ce petit royaume stratégique du Golfe comme base de sa Ve Flotte. «C'est un dialogue sans conditions et sans plafond» des demandes, a souligné à l'ouverture de ces assises le président de la Chambre des députés Khalifa Dhahrani, chargé de diriger les travaux du forum. L'objectif, a-t-il souligné, est de dégager des «principes communs pour relancer le processus de réformes politiques» dans le royaume, entamé il y a dix ans et qui avait abouti au rétablissement du Parlement en 2001. Selon lui, les quelque 300 participants, dont ceux du Wefaq, le principal groupe de l'opposition chiite, doivent présenter leurs idées sur les réformes politiques, sociales, économiques ainsi que sur celles concernant les droits civiques et le statut des résidents étrangers. Le Wefaq a décidé, à la dernière minute, de participer à ce dialogue tout en insistant sur sa revendication d'une véritable monarchie constitutionnelle où le Premier ministre serait désigné par la majorité parlementaire, alors que ce poste est détenu par l'oncle du roi, cheikh Khalifa Ben Salmane Al-Khalifa, depuis pratiquement l'indépendance de Bahreïn en 1971. «Le Wefaq n'abandonnera pas les demandes du peuple qui sont un gouvernement élu, une loi électorale juste et un Parlement élu jouissant de toutes ses prérogatives», a déclaré vendredi son chef, cheikh Ali Salmane. Les Etats-Unis ont salué à la fois l'ouverture du dialogue national et la participation du Wefaq «La participation du Wefaq ajoute une voix importante de l'opposition bahreïnie au processus qui pourrait servir de moteur aux réformes et à la réconciliation», selon Mark Toner, un porte-parole de la diplomatie américaine. La contestation de la vieille dynastie sunnite des Al-Khalifa, dont les membres accaparent l'essentiel des pouvoirs, avait été menée par les chiites, majoritaires au sein de la population. Le Wefaq avait été le principal animateur de ce mouvement de protestation, réprimé à la mi-mars au prix de 24 morts, selon les autorités, tandis que quatre manifestants ont perdu la vie depuis, en détention. Ce groupe politique avait protesté contre les répressions en retirant ses 18 députés du Parlement de 40 sièges. Ce mouvement avait la sympathie de l'Iran, mais l'Arabie Saoudite a prêté main forte au régime en envoyant, avec d'autres monarchies du Golfe, des troupes à Bahreïn au moment de la répression des manifestations. Hier, le Koweït a annoncé avoir retiré des unités navales qui, selon le conseiller militaire de l'ambassade koweïtienne à Manama, le colonel Ali Asaker, ont aidé à «sécuriser les frontières maritimes de Bahreïn». En décidant de se joindre au dialogue, le Wefaq a également appelé à la libération de tous les détenus. Des centaines de manifestants et de dirigeants du mouvement avaient été arrêtés et certains ont déjà été condamnés à la peine de mort ou à de lourdes peines de prison pour leur participation à la contestation. Avant ce dialogue, les autorités ont multiplié les mesures d'apaisement annonçant notamment mercredi la création d'une commission indépendante de cinq membres, dont des juristes de renommée internationale, pour enquêter sur les violations des droits commises pendant la répression. Le président français Nicolas Sarkozy a défendu «l'ouverture» prônée à Bahreïn par cheikh Salman ben Hamad Al-Khalifa, prince héritier de cette monarchie du Golfe qu'il a reçu vendredi.