Le chômage frappe de plein fouet les jeunes de la localité qui avait subi le diktat terroriste pendant la décennie noire. Vendredi dernier, notre destination a été le sud de Bouira, précisément la commune de Mamoura, relevant de la daira de Sour El Ghozlane, à plus de 50 km au sud du chef-lieu de wilaya. Pour s'y rendre, un seul chemin s'offre au visiteur: La RN 08 en passant par Bouira, Sour El Ghozlane, puis emprunter le CW12 reliant la ville d'Auzia à Mamoura. La RN 08 est très fréquentée par des centaines de camions de gros tonnage et notamment par des transporteurs assurant les différentes dessertes vers le sud du pays. Cette route, faut-il le rappeler, a enregistré des dizaines d'accidents, en raison de la densité du trafic routier. Le dernier en date remonte au début de la semaine écoulée, suite à une collision entre deux bus de transport, un semi-remorque et un véhicule léger survenu à l'entrée de ville de Sour El Ghozlane. Bilan: un mort et trois blessés. Pour les usagers de cette route, la multiplication des accidents de la circulation est due essentiellement à l'impraticabilité de ce chemin et également à l'excès de vitesse des transporteurs. Les usagers ont maintes fois revendiqué l'extension des deux voies. En arrivant à la ville de Sour El Ghozlane, Kouider notre guide nous attend au niveau de l'arrêt appelé «Le lion». En empruntant le CW12, en cours de route, notre guide ne pouvait guère s'empêcher de discourir sur la situation qui prévaut dans sa commune. «Les villageois sont confrontés depuis des années à un certain nombre de problèmes qui rendent leur quotidien si difficile», dira-t-il sur un ton des plus pathétiques. «Les habitants manquent de tout. Vous allez constater de visu le marasme de la population», a-t-il enchaîné. La population de Mamoura (plus de 1000 familles) vit dans de déplorables conditions et à une altitude de plus de 1000 mètres. Ciblées dans le passé par les groupes terroristes, des dizaines de familles avaient abandonné leurs maisons et leurs terres pour aller s'installer dans d'autres régions du pays. Des citoyens que nous avons rencontrés au chef-lieu communal n'ont pas caché leur colère et dénoncent les rudes conditions de vie. Le premier problème soulevé par les villageois est celui relatif à l'absence des moyens de transport reliant la commune à Sour El Ghozlane. «Comment expliquer qu'aucune ligne de transport n'est affectée pour notre commune», diront t-ils à l'unanimité. Pour eux, le seul moyen de se déplacer vers Sour El Ghozlane, ou vers d'autres villes, c'est de recourir aux transporteurs clandestins. «Aucun bus n'existe, et si tu veux rallier la ville de Sour El Ghozlane, tu dois louer un clandestin à raison de 500 DA, allant même à 1500 DA vers d'autres destinations comme Bouira et Alger». C'est la même situation vécue par les habitants des localités à savoir ceux de Draâ Lahrach, d'Ouled Mrayguia, et Koudiat Iadad. «Pourtant, disent-ils, nous avons maintes fois saisi la direction des transports de la wilaya sur ce problème, mais aucune réponse ne nous a été donné à ce jour.» Certes, l'impraticabilité des routes et autres chemins vicinaux est pour la plupart des cas, la raison évoquée. L'état de dégradation avancée de ces chemins où les crevasses et les nids-de-poule font office de décor permanent. Les désagréments causés aux usagers ont, de facto, contraint les transporteurs à ne pas s'aventurer de ce côté. Et à nos interlocuteurs de lâcher: «Les pouvoirs publics n'ont rien fait pour notre région». Les jeunes villageois n'ont aucune opportunité de décrocher un emploi, puisque aucun projet de taille n'existe afin d'absorber un tant soit peu le phénomène du chômage qui lamine cette frange de la société. Les seuls postes de travail sont rarissimes et sont occupés par les employés de l'Assemblée Populaire Communale. «Je travaille dans un chantier du bâtiment dans la wilaya de Médéa, pour 800DA la journée. Je ne bénéficie pas de la sécurité sociale», raconte Hamid, un jeune de 21ans. Le calvaire des villageois de Mamoura ne s'arrête pas la. L'unique salle de soins du chef-lieu communal accuse un manque d'équipement et de personnel médical et paramédical. La structure en question reçoit la visite d'un médecin deux fois par semaine, affirment des habitants qui ajoutent que tout dépend du temps et du climat. En matière de ressources hydriques, la région puise son eau des forages qui longent un oued. Les villageois ont déclaré que l'eau n'est pas bonne pour la consommation. L'eau potable continue à manquer dans les foyers, notamment pendant la saison des grandes chaleurs. Soulignons que Mamoura sera alimentée à l'instar des autres localités du sud de Bouira à partir du barrage de Koudiet Asserdoune mis en service récemment. La population réclame également des infrastructures pour les jeunes et l'amélioration de leurs conditions de vie. Contacté par nos soins, le P/APC de Mamoura, une assemblée à majorité FLN, s'est refusé à tout commentaire.