La patronne du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, a averti, hier, à nouveau, contre une sérieuse grisaille qui pointe à l'horizon de l'économie mondiale. L'ex-ministre française de l'Economie n'a jamais été aussi pessimiste dans ses pronostics sur l'évolution de l'économie mondiale. Hier, depuis Lagos (Nigeria), où s'est tenue une table ronde sur l'avenir économique de l'Afrique, la directrice générale du FMI n'a pas hésité à lancer : «L'économie mondiale se trouve dans un tournant très dangereux.» De but en blanc, la patronne du FMI a mis en garde contre de possibles répercussions néfastes de la crise sur les pays les plus pauvres. Ses déclarations sonnent tel un avertissement de taille. Christine Lagarde a évoqué surtout une crise de confiance marquée par un chômage élevé et un ralentissement de la croissance mondiale. Effleurant les récentes décisions prises par les dirigeants européens à même de sauver les vestiges de la zone euro et d'en construire un nouveau départ, la directrice générale de cette institution, issue des accords de Bretton-Woods, a reconnu que l'efficacité de ces mesures «dépendra de leur mise en place». Dans un entretien publié, hier, par l'influent journal américain Washington Post, Christine Lagarde a jugé qu'«il serait extrêmement utile» pour la zone euro d'établir un calendrier des mesures qu'elle compte prendre contre la crise de la dette. C'est dire que la zone euro, l'une des locomotives de la croissance mondiale, n'est pas encore sortie de sitôt de l'ornière, malgré les annonces triomphalistes de ses dirigeants. Christine Lagarde s'est employée à revivifier les craintes en disant que «ces problèmes peuvent sembler à des milliers de kilomètres. Mais il y a clairement des réseaux de contagion entre les économies avancées et le reste du monde». Lundi dernier, la patronne du FMI avait déjà sonné le premier tocsin ; la crise de la dette des Etats européens représentait un risque pour toutes les économies du monde. C'est la deuxième plus grave crise en un court laps de temps (trois années) – après celle dite des subprimes – dans laquelle s'embourbaient les pays du vieux continent. Décidément, la zone euro va de Charybde en Scylla. Christine Lagarde avait estimé la semaine dernière aussi que les pays plus pauvres, en particulier ceux dépendant fortement d'investissements et d'échanges commerciaux européens, devaient se préparer à faire face à d'éventuelles difficultés. L'Algérie est concernée à plus d'un titre. La zone euro représente le plus important partenaire commercial du pays avec, sur le tableau, 55% de l'ensemble des échanges. Il semble néanmoins que les responsables du pays ne se mettent pas martel en tête, persévérant dans leur politique qui consiste à brûler davantage la chandelle par les deux bouts. D'ailleurs, les achats du pays pendant les onze premiers mois de l'année en cours ont dépassé le seuil historique de 42 milliards de dollars. La dépression de l'économie mondiale devrait perdurer, puisque le FMI, par le biais de sa patronne, n'écarte pas la révision à la baisse en janvier de la prévision de croissance mondiale. Le Fonds monétaire international avait déjà annoncé le 1er décembre qu'il allait «probablement» abaisser en janvier ses prévisions de croissance mondiale pour 2012, au vu du «ralentissement de l'activité économique» en Europe et ailleurs. Le monde se dirige droit vers une nouvelle crise. La récession commence déjà à s'installer çà et là.