L'Italie n'est plus le paradis rêvé où les candidats à l'immigration espèrent échouer un jour. A part une minorité d'expatriés aisés, les étrangers qui vivent dans la péninsule de leur seul salaire n'arrivent plus à joindre les deux bouts et voient leurs modestes économies s'épuiser chaque jour. Les banques sont plus réticentes à accorder des prêts pour l'acquisition d'un logement aux familles d'immigrés, et l'avenir de leurs enfants leur semble plus incertain que jamais. Cette conviction a poussé des centaines d'entre eux à retourner dans leur pays d'origine, ou à émigrer vers d'autres pays européens. Karim, 38 ans, est un Algérien qui a vécu en Italie pendant quinze ans. Ingénieur en Informatique, il a travaillé pour une petite entreprise privée, fondée par un autre Algérien, mais depuis qu'il est devenu père de famille, son salaire ne lui suffit plus. Un jour, suivant l'exemple de son ami marocain qui est parti en Belgique, il a fait ses valises et s'est installé dans le sud de la France. «J'ai eu la chance de trouver du boulot dans ma filière, en plus en France, on a l'avantage de la langue et la présence de plusieurs parents», nous confie-t-il. Ceux qui partent ne sont pas remplacés. Selon les statistiques du département pour l'immigration et les politiques pour l'intégration au ministère du Travail, en 2010, l'Italie a enregistré 70 000 nouveaux arrivés seulement. Cette nouvelle réalité poussera le gouvernement à ne pas promulguer un nouveau décret régularisant les flux migratoires et à couvrir les besoins en main-d'œuvre en embauchant les 300 000 étrangers sans travail qui se trouvent déjà sur le sol italien. En ces temps de crise économique, les travailleurs non italiens sont les plus vulnérables et les premiers touchés par les mesures de compression d'effectifs. Le taux de chômage parmi cette catégorie sociale dépasse les 12,1%, sans compter les 40 000 nouveaux candidats à un premier emploi, issus de l'immigration. En janvier 2010, on a enregistré 932 000 enfants nés de parents étrangers. Ce taux de natalité a doublé en six ans, poussant les dirigeants italiens à se pencher avec urgence sur le problème du droit à la nationalité pour les nés sur le sol italien. La législation italienne reconnaît le droit de sang (jus sanguinis) et non le droit de sol (jus soli). Les descendants de citoyens italiens, à plusieurs générations de distance, peuvent obtenir la nationalité italienne, mais pas les enfants nés de parents étrangers résidant en Italie depuis des années.